Yves OLLIVIER était présent, il témoigne :
" Ce 3 juillet 1944, nous étions installés dans un champ à proximité du carrefour de Croaz-Marc'hossiou en Pluzunet, à l'écart de la route, à 500 m environ.
Vers 8 h du matin, Georges LE DU et François GERON se portèrent volontaires pour aller au ravitaillement au bourg de Pluzunet. Ils devaient nous procurer du pain et pensaient trouver des chaussures de rechange pour eux-mêmes. Connaissant bien les lieux, je leur ai indiqué un chemin de terre à peu près parallèle à la route en leur précisant " au bout de 150 m, vous verrez le clocher de Pluzunet, ensuite allez tout droit, les Allemands n'aiment pas quitter la route, ainsi vous serez plus tranquilles ".
Environ 20 mn plus tard, nous avons entendu des coups de feu venant de leur direction. Nous ne nous sommes pas affolés, mais nous avons enclenché "l'Alerte générale", en vue de quitter les lieux.
Une de nos sentinelles vint nous avertir qu'un convoi d'Allemands venait de la direction de Pluzunet, avec en tête 5 ou 6 hommes à pieds poussant leurs bicyclettes, non loin d'eux il y avait un cultivateur avec une charrette attelée, derrière eux un autre groupe de 5 ou 6 hommes.
Je lui demandais : " c'est tout ? ", " oui " qu'il me répondit, " Alors je lui ai demandé de retourner à son poste, d'observer et de se méfier, il y a peut-être un piège, il est possible que le gros de la troupe suive ".
La sentinelle revint nous dire " dans la charrette il y avait 3 soldats allemands couchés ".
La situation devenait inquiétante, un groupe de Plouaret devait nous rejoindre dans la journée, il avait peut-être été surpris.
Avec Yves GLAZIOU nous nous sommes dirigés discrètement en direction de la provenance des détonations, arrivés à Kervouriou à proximité d'une petite ferme tenue par la famille RIOU, nous traversames la route, nous aperçumes un homme couché sur la route et un deuxième dans la douve sans pouvoir les identifier.
Toujours discrètement, par les champs nous sommes arrivés dans la cour de la petite ferme, les Allemands avaient quitté les lieux, la fermière d'une quarantaine d'années était complètement paniquée.
Georges LE DU et François GERON n'étaient pas originaires de la commune, ils durent probablement s'égarer.
D'après la fermière, en arrivant devant sa maison ils rencontrèrent 3 militaires allemands qui étaient à la recherche d'hommes de 20 à 25 ans. L'affrontement fut inévitable, n'ayant rien à perdre Georges LE DU et François GERON firent tout de suite usage de leurs armes en se servant de leurs revolvers 12 mm, les 3 Allemands furent tués.
Derrière la maison il y avait une dizaine d'Allemands qui perquisitionnaient les lieux, au bruit des armes ils se précipitèrent. François GERON fut tué en premier, Georges LE DU se trouvant seul, chargeur vide fut massacré sur place.
Ce même jour un détachement sous les ordres d'Armand TILLY était en mission à Bégard. Au retour ils tendirent
une embuscade à un véhicule allemand à Traou-Foss en Bégard, bilan : le véhicule détruit, un Allemand tué et plusieurs autres blessés.
A la suite de ces événements tragiques, une trentaine de personnes furent arrêtées au bourg de Bégard et emmenées à pieds au terrain d'aviation de Servel. Elles furent relâchées 48 heures plus tard.
Témoignage recueilli en 1994 par Serge TILLY auprès d'Yves OLLIVIER responsable du maquis de Pluzunet.