le voisinage au quai de l'Artillerie
- en 1962 et 1963, le Lac Tonlé Sap était accosté à un ponton, bout au quai, il eut l'occasion de côtoyer quelques bâtiments :

• "Le Sahel", un ravitailleur,
• "Le Marcel Le Bihan", un gabare,
• "La Galissonière", un escorteur d'escadre D638,
• "L'Origny", un dragueur océanique ou dragueur de mines M621,
• "La Foudre", bâtiment de débarquement pouvant servir d'atelier, dans lequel un bâtiment de petite capacité pouvait s'introduire A646,
• un petit chaland de débarquement,
• un bâtiment civil, chargé d'aspirer le fond de la rade pour y retirer la vase, une "suceuse",
...

- nous n'allions pratiquement jamais nous promener dans l'arsenal, ce que je regrette beaucoup,

- un bâtiment était amarré vers Castigneau, il avait la forme d'une coquille de noix, il servait de magasin et n'avait parait il jamais navigué, je crois qu'il s'appelait le "Commandant Teste".

le voisinage à quai
(au quai de l'Artillerie et autour des pontons)
commentaires d'Henri POULIQUEN
Les bâtiments ayant fréquenté le quai de l'Artillerie :

- les deux ravitailleurs de région "Le Sahel" et "Le Rummel",
- le ravitailleur d'eau "Le Liamone",
- la citerne à vin (1950-1972) transformé en ravitailleur d'eau vers 1960, "Le Hanap",
- les gabares de mer "Le Scarabée", "La Fourmi", et "Le Criquet" auxquels s'ajoute "Le Scorpion" de fabrication américaine,
- la gabare de rade armée par les marins du port (margat) "L'Araignée",
- le tanker d'aviation (ex-allemand) servant de bâtiment support aux bathyscaphes (FNRS II et Archimède, petits sous marins peints en jaune) "Le Marcel Le Bihan",
- le dragueur de mines classe MSO américain "L'Origny" (DO Dragueur Océanographique),
- le Transport de Chalands de Débarquement (TCD) "La Foudre",
- le chaland de débarquement sans nom, "L'EDIC 9092" (Engin de Débarquement Infanterie et Char)

Les bâtiments ayant fréquenté les quais voisins au quai de l'Artillerie :
- au quai Dupuy de Lome, "Le Commandant Teste",
- au quai des réparations, "La Galissonnière" ...

LE SAHEL et LE RUMMEL
Commandés à l'industrie française par l'autorité allemande d'occupation, mais grâce à la mauvaise volonté des ouvriers de l'arsenal qui ne voulaient pas travailler pour eux ils ne furent pas achevés avant la Libération.
Ses citernes à combustible furent mises en service en 1950, condamné en 1972 pour le Rummel et 1982 pour le Sahel.

L'ARAIGNÉE
Venait de temps en temps au quai de l'artillerie. Elle ne quittait pas la rade car elle était armée par du personnel du corps des marins de port de la Direction du Port et non des Équipages de le Flotte. A son bord, il n'y avait pas de personnel possédant le brevet de Chef de Quart. Elle était amarrée à côté de la tour de la Direction du Port (avec les remorqueurs).

LE MARCEL LE BIHAN
Bâtiment de fabrication allemande, mis en service en 1937 a été cédé à la France en 1948 au titre des dommages de guerre. Il participa à la guerre d'Indochine ce qui lui valut une citation à l'ordre de l'armée. A son retour en métropole en 1957, il fut affecté à la Direction du Port de Toulon puis au Groupe d'Études et de Recherche Sous-marine (GERS) en 1959. En 1961, il sert de bâtiment support aux Bathyscaphes (FNRS Il et Archimède - des petits sous-marins peints en jaune). En 1978, il donne son nom à un Aviso (Le Marcel Le Bihan) et il est rebaptisé Gustave Zédé. Après une refonte en 1980/1981 il continue son service et est affecté au Groupe d'Interventions Sous la Mer (GISMER). Il était équipé d'un système de propulsion Voith-Schneider, donc il n'avait pas d'hélice.

L'ORIGNY M621
Dragueur de mines classe MSO américain (DO français), modifié en bâtiment océanographique en 1960. Il a conservé sa peinture grise et son numéro de coque M621 jusqu'en 1975. A cette date il est peint en blanc et reçoit le numéro coque A640. Il est désarmé en 1983.

LA FOUDRE A646
C'était un LSD (Landing Ship Dock) américain (traduit en français par TCD (Transport Chalands de Débarquement). Il a eu une carrière multinationale. Il a servi successivement la Royal Navy, la Grèce puis la France d'avril 1952 à 1969. Il a été rendu à l'US Navy qui l'utilisa comme cible. Sous pavillon français il a servi entre autre : l'Indochine, le conflit de Suez en 1956, la Guerre d'Algérie et effectua de nombreuses rotations au profit du Centre d'Expérimentation du Pacifique de Mururoa (CEP) ainsi qu'à Djibouti et La Réunion etc.... Il pouvait effectivement servir de radoub pour caréner les petits bâtiments, mais ce n'était pas sa vocation première. Sur une des photos on voit la porte de radier ouverte et un CTM (Chaland de Transport de Matériel). Ces chalands peuvent rentrer dans le bâtiment, pour cela, il suffit de noyer le radier.

L'EDIC 9092
C'était le chaland de débarquement qui venait à côté de nous. C'était un Engin de Débarquement Infanterie et Char (EDIC - il n'avait pas de nom). Il assurait le transport du personnel et du matériel entre Port Pothuau (en rade de Hyères) et l'île du Levant. Comme il n'y avait pas de rotation le week end, il venait à Toulon pour faire le plein de combustible et permettre au personnel de se reposer car aussi bien à Port Pothuau qu'au Levant, il n'y avait pas de courant terre et le diesel marchait en permanence donc il falllait du personnel de quart.

LE COMMANDANT TESTE
C'était un bâtiment de 10.000 tonnes, dimensions longueur 167m - largeur 27m - tirant d'eau 6.93m. Il était classé porte-avions (mais n'aurait jamais servi comme tel) mais utilisé simplement de transport d'avions et surtout de porte-hydravions. Il a été lancé en 1929 et mis en service en 1932. Il a été sabordé à Toulon le 27 novembre 1942 et renfloué en 1946. il a repris son service jusqu'en 1950 date à laquelle il a été amarré au quai Dupuy De Lôme et servait de magasin flottant.
D'après l'ouvrage "Flotte de combat de 1942" : Base flottante de ravitaillement, bureau météorologique, colombier, ateliers divers d'entretien et de réparation.
Caractéristiques : hangar: 84 x 27 x 7 m, rampe d'amerrissage, 5 grues de hissage de 5 à 12 tonnes pour hydravions.

LA GALISSONNIERE D638
Escorteur d'Escadre de la classe Surcouf. Admis au service actif le 9 juillet 1962. C'était le premier bâtiment d'escorte à être équipé d'une plate-forme hélicoptère dès sa construction. Cette plate-forme située entre la deuxième cheminée et la plage arrière (sur la photo, juste derrière le pavillon national) était rabattable et constituait (une fois repliée) un hangar pour l'hélicoptère (Alouette Il puis III). La forme de la plate-forme repliée faisait penser à un cercueil, ce qui a valu au bâtiment le nom peu respectueux de "Corbillard". Il a été rayé des contrôle de l'activité le 20 avril 1990. Désarmé à Brest, il a été utilisé comme brise lames à Lanvéoc avant de servir de cible.

ANECDOTES
- le quai de l'Artillerie était un endroit calme et retiré des grands bâtiments de l'escadre, endroit pratique car proche de la porte principale donc proche du quai Cronstadt, de la place de la Liberté et pas trop loin de la gare à 1 km environ, il y avait toujours du mouvement par les entrées et sorties de la darse Vauban de sous-marins, de remorqueurs et de bâtiments divers,

- autour des pontons, il y avait une quantité phénoménales de poissons, des mulets à fleur d'eau, immangeables, nageant dans de l'eau mazouté (pas besoin d'huile dans la poële pour les cuire ceux-la), un camarade tira un jour dans le "tas" avec son fusil de plongée il en pris trois d'un coup tellement il y en avait,

- il était interdit de se baigner à quai, ne respectant pas cet ordre un jour de grande chaleur je me suis mis à l'eau, le vent a tourné, un bouchon de "merde", de ceux qui se baladent dans les ports aux grès des vents s'est bloqué à l'endroit par lequel je devais sortir, obligé que j'étais de traverser en nageant ces immondices,

- tous les soirs pendant de nombreux mois au quai de l'Artillerie il y avait un coup de trompette signalant l'imminence d'un coup de mine, il devait s'agir d'un blockhaus datant de l'occupation allemande qu'une entreprise démolissait,

Le Criquet
photo Marine Nationale


La Fourmi
photo Marine Nationale


La Galissonière
photo Marine Nationale


Le Marcel Le Bihan
photo Marine Nationale
(le Marcel Le Bihan servit de bâtiment d'appui au bathyscaphe Archimède
lors de sa plongée à 9700 mètres aux îles Kouriles en 1962 )


Le Scarabée
photo Marine Nationale