Association Nationale des Anciens Combattants et Amis de la Résistance
de gauche à droite :
le ministre des anciens combattants et victimes de guerre,
Robert Chambeiron,
et Charles Fournier Bocquet
au congrès de l'ANACR en 2000 à Saint-Brieuc
Fondée en mars 1945 par l'une des principales composantes des Forces Françaises de l'Intérieur (FFI), les "Francs-Tireurs et Partisans Français", l'Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance" (ANACR) a pris ce nom en 1952, s'élargissant à toutes les familles de pensée de la Résistance Intérieure et de la France Libre, à toutes les formes du combat de Résistance, s'inspirant par là de l'unité de la Résistance réalisée au sein du Conseil National de la Résistance (CNR).
En 2006, elle a modifié son nom en Association Nationale des Anciens Combattants et Ami(e)s de la Résistance (ANACR).
Depuis plus de 50 ans , l'ANACR qui a compté et compte parmi ses présidents des Résistants éminents tels Vincent Badie, Robert Chambeiron, Jacques Debû-Bridel, colonel Rol-Tanguy, Pierre Sudreau, Louis Terrenoire et Pierre Villon, et parmi son comité d'honneur notamment,
le général Jacques Chaban-Delmas, Jacques Duclos, l'Amiral Muselier, le colonel Passy, Alain Savary et Mgr Théas, a constamment affirmé sa démarche pluraliste de rassemblement de tous les résistants:
-Pour la défense des valeurs patriotiques, démocratiques
et humanistes de la Résistance
-Pour lutter contre les résurgences des idéologies fascistes
et pétainiste, et contre le négationnisme falsificateur.
-Pour la défense de la paix
-Pour la défense des droits matériels et moraux des Résistants,
et tout particulièrement la reconnaissance de leurs services.
LES «AMI.E.S DE LA RESISTANCE (ANACR)»
Créés en 1970 au congrès de Sallanches de l'ANACR, ils regroupent aujourd'hui plus de 10 000 femmes et hommes des générations qui, jusqu'à nos jours, ont suivi celle des Résistants.
Issus de toutes les couches de la population, passionnés par l'Histoire de la Résistance, s'inspirant dans leur vie de citoyens des valeurs humanistes, démocratiques, patriotiques et non nationalistes qui ont inspiré le combat des Résistants, elles et ils s'attachent à approfondir la connaissance à la fois de la réalité de l'Occupation nazie et du régime de Vichy à son service et celle du combat de la Résistance pour libérer notre pays et y restaurer la démocratie, et à diffuser cette connaissance le plus largement possible, par des conférences-débats, des expositions, des projections de films, la publication de journaux et livres, etc.
Elles et ils luttent contre les tentatives de nier ou minimiser les crimes du fascisme et de la collaboration, contre les calomnies à l'égard des Résistants et des antifascistes, contre la résurgence des idées xénophobes et racistes.
Fondant leur action sur les valeurs de la Résistance contenues dans le Programme du CNR et sur les orientations pluralistes de l'ANACR, à la vie de laquelle elles et ils apportent de plus en plus leur concours, se sont constitués le 27 avril 2003 en "Association Nationale des Ami(e)s de la Résistance (ANACR)", agissant aux côtés de l'ANACR et partageant ses objectifs.
Des Groupes locaux et départementaux d'"Ami(e)s de la Résistance (ANACR)" - développant leur action en étroit partenariat avec les comités de l'ANACR - existent dans plus des 2/3 des départements. Dans les autres, les "Ami(e)s de la Résistance (ANACR)" sont organisés directement dans les Comités locaux de l'ANACR.
Par ailleurs, un processus de rapprochement des structures de l'ANACR et de l'Association Nationale des Ami(e)s de la Résistance (ANACR), lié aux nécessités née hélas de la disparition de nombreux Résistants, est en cours.
Parmi les objectifs des "Ami(e)s" de la Résistance :
- Le combat contre les idéologies fascistes, xénophobes, racistes et contre le négationnisme.
- La célébration le 27 mai de chaque année, date anniversaire de la création du CNR - ou le jour ouvrable le plus proche - lors de la Journée Nationale de la Résistance, dont les "Ami(e)s de la Résistance" demandent avec l'ANACR l'instauration, journée non chômée, durant laquelle une information sur la Résistance serait faite dans les établissements scolaires, de même que lors de chaque 18 juin, institué début 2006 Journée commémorative de l'appel historique du Général de Gaulle à refuser la défaite et à poursuivre le combat contre l'ennemi.
- Le développement du Concours national de la Résistance et de la Déportation.
- La reconnaissance du rôle de la Résistance dans la libération de la France et la restauration des libertés dans notre pays et dans la victoire sur le fascisme.
- Les Ami(e)s de la Résistance s'associent à l'ANACR pour affirmer leur attachement à la Paix, à la démocratie et à la fraternité entre les peuples, menacées par la résurgence du fascisme, les manifestations de racisme et de xénophobie, les interventions militaires unilatérales.
Direction nationale de l’Association nationale des Ami(e)s de la Résistance (ANACR)
Elue en mars 2006, lors des premières Assises nationales de l'Association, elle est composée de Jean-Paul Bedoin (Dordogne), Bruno Cassanas (Hérault), Michel Colas (Seine-Saint-Denis), Sylvie Daems (Nord), Robert David (Morbihan), Bernard Delaunay (Corrèze), Guy Deschamps (Eure), Robert Foreau-Fenier (Aisne), vice-présidente, Colette Gaidry (Haute-Saône), Monique Jouanlanne (Rhône), Simone Mariotte (Saône-et-Loire), coprésidente, Pierre Martin (Côtes-d'Armor), coprésident, Mireille Monier-Lovie (Drôme), secrétaire, Anne-Marie Montaudon (Haute-Vienne), Brigitte Moréno (Lot-et-Garonne), André Paya (Bouches-du-Rhône), Martine Peters (Isère), vice-présidente, Antoine Poletti (Corse-du-Sud), Jean-Paul Riffault (Paris), secrétaire, Christiane Tardif (Essonne), trésorière adjointe, Jacques Varin (Paris), secrétaire général, Nicole Zerline, trésorière.
PLURALISME DE LA RESISTANCE,
DE L'ANACR ET DES "AMI.E.S"
Lors de la réunion du Conseil National de l'ANACR en novembre 2005 avait été abordée la question du pluralisme. Une notion fondamentale de l'identité de l'ANACR et conséquemment de l'"Association Nationale des Ami(e)s de la Résistance (ANACR)", une notion découlant directement de ce que fut la réalité de la Résistance. Dans le cadre de la préparation des Assises nationales de l'Association Nationale des "Ami(e)s" - qui se sont depuis tenues les 4 et 5 mars 2006 - à Paris, le JOURNAL DE LA RESISTANCE de novembre-décembre 2005 a publié cet article du secrétariat de l'Association des Ami(e)s rappelant toute la dimension et la portée de cette notion de pluralisme…
PLURALISME DE LA RESISTANCE…
Issus de toutes les couches de la population, passionnés par l'Histoire de la Résistance, s'inspirant dans leur vie de citoyens des valeurs humanistes, démocratiques, patriotiques et non nationalistes qui ont inspiré le combat des Résistants, elles et ils s'attachent à approfondir la connaissance à la fois de la réalité de l'Occupation nazie et du régime de Vichy à son service et celle du combat de la Résistance pour libérer notre pays et y restaurer la démocratie, et à diffuser cette connaissance le plus largement possible, par des conférences-débats, des expositions, des projections de films, la publication de journaux et livres, etc.
Elles et ils luttent contre les tentatives de nier ou minimiser les crimes du fascisme et de la collaboration, contre les calomnies à l'égard des Résistants et des antifascistes, contre la résurgence des idées xénophobes et racistes.
Fondant leur action sur les valeurs de la Résistance contenues dans le Programme du CNR et sur les orientations pluralistes de l'ANACR, à la vie de laquelle elles et ils apportent de plus en plus leur concours, se sont constitués le 27 avril 2003 en "Association Nationale des Ami(e)s de la Résistance (ANACR)", agissant aux côtés de l'ANACR et partageant ses objectifs.
Des Groupes locaux et départementaux d'"Ami(e)s de la Résistance (ANACR)" - développant leur action en étroit partenariat avec les comités de l'ANACR - existent dans plus des 2/3 des départements. Dans les autres, les "Ami(e)s de la Résistance (ANACR)" sont organisés directement dans les Comités locaux de l'ANACR.
Par ailleurs, un processus de rapprochement des structures de l'ANACR et de l'Association Nationale des Ami(e)s de la Résistance (ANACR), lié aux nécessités née hélas de la disparition de nombreux Résistants, est en cours.
Lorsque l'on évoque le pluralisme de la Résistance, la première référence qui vient à l'esprit pour l'illustrer est la composition du Conseil National de la Résistance tel que le forma Jean Moulin lors de sa réunion constitutive du 27 mai 1943 à Paris, rue du Four. En effet, aux côtés des mouvements de Résistance tant de Zone Nord que de Zone Sud, dont la pluralité témoigne d'une grande diversité quant aux conditions de leur émergence, de l'automne 1940 à la fin 1941, le CNR va rassembler aussi, selon le vœu du général de Gaulle - soucieux du rassemblement de toute la Résistance - des partis politiques tant de gauche et centre gauche (Communiste, Socialiste et Radical) que de centre droit et de droite (Alliance démocratique, Fédération républicaine, Démocrates-chrétiens), de même que deux centrales syndicales (CGT et CFTC) aux profils fort différents.
Mais, le pluralisme de la Résistance fut sans doute d'abord celui des motivations qui amenèrent des Français à s'engager en son sein en nombre allant de plus en plus important tout au long de l'0ccupation : l'antifascisme du mouvement ouvrier qui avait conduit nombre des premiers résistants de France - français et immigrés - à lutter dès 1936-1939 en Espagne contre Hitler, Mussolini et leur allié Franco dans les faubourgs de Madrid, Bilbao ou Barcelone, le patriotisme amenant à refuser la défaite, la collaboration avec l'ennemi et la vassalisation de la France, l'humanisme chrétien ou laïc révolté par les mesures antisémites du régime de Pétain et les persécutions raciales nazies, l'idéal démocratique et républicain bafoué par "l'Etat Français"… Etant entendu qu'il ne s'agit pas là d'une énumération limitative et que, dans leur grande majorité, les Résistants partageaient plus d'une de ces motivations, en attachant peut-être, selon leur parcours personnel, plus d'importance à telle ou telle d'entre elles.
Par ailleurs, la composition du CNR en ses divers mouvements, partis et syndicats fondateurs, pour être un indicateur du pluralisme de la Résistance, ne l'est que de manière incomplète si l'on ne s'arrête qu'à la simple énumération. Car en effet, si en ce qui concerne les partis, leurs contours politiques et idéologiques peuvent être cernés de manière relativement précise, cela est déjà moins vrai évidemment pour les syndicats ; ainsi, réunifiée par les accords du Perreux, la CGT clandestine rassemble des hommes - tels Jouhaux et Frachon - aux options déjà fort différentes avant Guerre et qui le seront à nouveau de manière très affirmée après, mais qui mènent ensemble le même combat de Résistance au-delà de leurs conceptions différentes de la société et même du syndicalisme.
Quant aux mouvements, il est particulièrement réducteur de les cantonner à un courant de pensée et de les cataloguer : ainsi, le Front National de Lutte pour la libération et l'indépendance de la France est souvent abusivement et de manière très simplificatrice présenté comme "communiste" : alors que, membres de son Comité directeur, des hommes tels François Mauriac, le Révérend-père Philippe ou le général Dassault peuvent être difficilement catalogués comme communistes ; pas plus que ne peut l'être Georges Bidault, représentant des Démocrates-Chrétiens au sein du CNR et par ailleurs membre du Front National. A l'inverse, Pierre Hervé, qui supplée Pascal Copeau à la représentation de Libération-Sud au sein du CNR est communiste, comme l'est alors Marcel Degliame qui succède au sein du CNR à Claude Bourdet comme représentant de Combat ; comme l'est aussi Jean Pronteau, dirigeant de l'OCM des Jeunes.
De la même manière, présenter les FTP comme "communistes" et l'AS comme "gaulliste" fait fi des réalités, notamment régionales : ainsi, cadre dirigeant de l'AS puis des Corps Francs de la Libération dans le Sud-Ouest, Jean-Pierre Vernant, futur Compagnon de la Libération, est alors communiste. Et c'est ignorer que nombre de résistants ont rejoint tel ou tel maquis, tel ou tel réseau ou mouvement non par affinité idéologique mais par proximité géographique ou au gré de l'appartenance de leur premier "contact" résistant.
De ce fait, il n'est pas étonnant qu'aucun des grands mouvements de la Résistance - Libération Nord et Sud, Combat, Franc-Tireur, Front National, OCM, CDLR, CDLL…- n'ait donné à la Libération naissance à un parti politique : la raison en est que tous ces mouvements et formations, au-delà de telle ou telle sensibilité représentée de manière plus ou moins importante en leur sein, avaient un caractère pluraliste. Or, la Libération venue, la période de la Résistance à l'Occupant et au régime de Vichy étant de ce fait pour l'essentiel achevée, les Résistants, selon leurs convictions, leurs choix de société, se sont alors tout naturellement répartis dans les divers courants incarnés par les Partis politiques d'alors : communiste, socialiste, radical, démocrates-chrétiens du MRP, etc.
A contrario, cela souligne qu'unis pour l'objectif commun qu'était la lutte contre l'occupant nazi et le fascisme pétainiste, les Résistants pouvant être - étant - par ailleurs d'opinions fort différentes quant à l'organisation de la société, ont su faire taire ces différences tant que la France n'était pas libérée et que la démocratie n'y était pas restaurée, précisément pour faire triompher ce double objectif. Cela fut particulièrement évident de par le fonctionnement du CNR et les conditions d'élaboration de son Programme, dont furent écartés pour les renvoyer au débat démocratique d'après la Libération des sujets qui - tel le droit de vote des femmes, la laïcité ou l'avenir des colonies - auraient pu compromettre la nécessaire unanimité régissant le CNR. Une démarche vitale pour l'unité de la Résistance, condition de l'efficacité de son combat.
C'est cette démarche de pluralisme, de rassemblement et d'unité que l'ANACR a voulu pérenniser, et ce dès sa définition dans la forme que nous lui connaissons encore aujourd'hui, lors de son congrès tenu à Limoges en 1954.
Moins connus que les mouvements et maquis, les réseaux - près de 300 homologués F.F.C. - ont aussi organisé des milliers et des milliers de résistants. Citons notamment les réseaux du Musée de l'Homme, Brutus, Résistance-fer, Alliance, NAP, CND-Castille, Cohors-Asturies, Ajax, Turma-Vengeance, Buckmaster, Mithridate, Goélette-frégate, Vélites-Thermopyles, Super-NAP…
Le Mouvement Républicain Populaire (MRP), fondé fin novembre 1944, est pour une part héritier du Parti démocrate populaire et du christianisme social du "Sillon" d'avant guerre. Son premier président est Maurice Schumann, porte-parole de la France Libre, ancien de la 2è DB et Compagnon de la Libération. Il compte parmi ses dirigeants Georges Bidault et André Colin, respectivement ancien président et membre du CNR.
De manière non pérenne exista une petite formation de centre gauche formée en juin 1945, l'UDSR, rassemblant à son origine des Résistants issus du MLN, de l'OCM, Libé-Nord…
Quant au Parti Républicain de la Liberté (P.R.L.), parti de droite créé en décembre 1945, il rassembla aux côtés de résistants - tel André Mutter, membre du CNR où il représenta C.D.L.L.- d'autres personnes qui l'étaient beaucoup moins…
L'immédiat après-Libération, alors que le combat pour abattre définitivement le nazisme va continuer jusqu'à la victoire du 8 mai 1945, ainsi que l'année qui va suivre, constituent une période relativement faste pour la mise en œuvre de mesures et réformes découlant directement du Programme du CNR : création de la Sécurité sociale, mise en place des Comités d'entreprises nationalisations dans le secteur bancaire, les mines, l'industrie, etc. D'une part pratiquement tous les partis représentés à l'Assemblée Nationale se réfèrent à ce programme.et, d'autre part, les forces politiques et les couches sociales qui lui sont hostiles, et ne sont évidemment pas disparues, sont cependant discréditées par leur adhésion au pétainisme et leur compromission dans la collaboration ; elles sont de ce fait mises pour un temps hors-jeu et font le dos rond en attendant des jours meilleurs pour elles : une opportunité que la "Guerre froide" va leur offrir conjointement aux premières fractures liées au débat sur les futures institutions de la IVème République, qui entraînèrent en 1946 le départ du général de Gaulle puis le rejet d'un premier projet de Constitution, la "Guerre froide" qui s'installe à l'échelle mondiale entre deux "camps" animés par les Etats-Unis et l'URSS va avoir des conséquences négatives quant à la pérennisation de l'unité réalisé dans la lutte contre le fascisme. Les organisations rassemblant les Résistants, les Déportés vont, comme de multiples autres - telle sur le plan syndical la CGT -, se diviser, selon les affinités plus ou moins affirmées avec l'un ou l'autre deux camps s'auto-désignant, l'un celui du "Monde libre" et l'autre celui "de la Paix".
Cette division va en France faciliter la réinsertion sur la scène politique sinon des formations ouvertement fascistes du moins d'une partie du personnel politique lié au régime pétainiste, elle va conduire aux grâces et à la libération anticipée de condamnés pour faits de collaboration alors même qu'étaient engagées des poursuites contre des Résistants pour faits de… Résistance , à la restitution de positions économiques dominantes à des féodalités industrielles sanctionnées pour collaboration économique, à la réintégration de policiers, juges ou fonctionnaires épurés pour leurs agissements pendant l'Occupation, et stopper l'adoption de nouvelles mesures préconisées par le Programme du CNR avant de permettre les premières remises en cause des avancées sociales et démocratiques découlant de celles déjà mises en œuvre. Sur le plan international, ce contexte de guerre froide va permettre l'enrôlement dans les rangs des forces du "Monde libre" d'anciens politiciens ou militaires des régimes fascistes vaincus en 1945, tels, dans le cadre du réarmement allemand, les anciens généraux nazis Gehlen ou Speidel.
C'est notamment ce réarmement de l'Allemagne, faisant appel à des généraux nazis, qui, en rapprochant dans le combat pour l'empêcher des Résistants de sensibilités diverses , va contribuer à créer en 1954 les conditions de la mise en place de l'Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance comme élargissement et dépassement de l'Association des Anciens FFI - FTP, dont les radicalisations de la Guerre froide - ayant entraîné parfois des positionnements politiques unilatéraux - avaient contribué à contracter drastiquement les effectifs autour de sa sensibilité principale.
Dès le congrès de Limoges en 1954, l'ANACR s'affirme pluraliste, ce que concrétise d'emblée la diversité de l'appartenance résistante des dirigeants qui y sont élus : président, Pierre Villon a été secrétaire général du Front National clandestin, membre fondateur du CNR et président du COMAC, vice-présidents, Albert Forcinal, résistant-déporté, était un ancien ministre radical, l'Amiral Moullec était ancien chef d'état-major des Forces Navales Françaises Libres, le Général Joinville, ancien chef d'état-major national des FFI, Vercors l'une des plus grandes figures de la Résistance intellectuelle, la générale Delestraint, la veuve du chef de l'Armée Secrète mort en Déportation. Le Secrétaire général, Charles Fournier-Bocquet, lieutenant-colonel FFI, est un ancien FN - FTPF et de la 1ère Armée, l'un des secrétaires, Robert Vollet, est un ancien de l'AS Sont notamment membres du Bureau National Jacques Bounin, ancien Commissaire de la République à Montpellier, René Cerf-Ferrière, cofondateur de "Combat", Jacques Debu-Bridel, membre fondateur du CNR où il représenta la Fédération républicaine, l'abbé Maurice Droesch, de "Libération Nord", Natalis Dumez, fondateur de la "Voix du Nord", Emmanuel d'Astier de la Vigerie, fondateur du mouvement "Libération", Albert Ouzoulias, membre du CMN des FTPF… Au comité d'honneur se côtoient notamment José Aboulker, organisateur de la Résistance à Alger, Louis Aragon, Jacques Duclos, dirigeant du Parti communiste clandestin, Louis Marin, l'un des "80", le colonel Manhès, Pierre Meunier, secrétaire général du CNR, l'Amiral Muselier, ancien commandant en chef des FNFL, le général Petit, ancien chef d'état-major des FFL, Louis Saillant, président du CNR après la Libération, André Tollet, Président du Comité Parisien de Libération…
La CGT, réunifiée par les Accords du Perreux du 17 avril 1943, va ainsi se rediviser en 1948 : à côté de la CGT (Frachon, Saillant) se crée la CGT - Force Ouvrière (Jouhaux, Bothereau).
Dans le n° de septembre-octobre 2005 du Journal de la Résistance ont été évoquées les poursuites engagées en 1953 contre Georges Guingouin et ses camarades. Il y eut - hélas -d'autres cas du même type à travers la France.
Principalement - mais non exclusivement - communiste et gaulliste, mais aussi radicale, progressiste, chrétienne, etc.
Lors des Stages Nationaux de Formation des Ami(e)s de la Résistance, qui se sont déroulés à Saint-Denis lors des week-ends de l'Ascension 2004 et de la Pentecôte 2005, Charles Fournier-Bocquet a longuement évoqué cette construction pluraliste de l'ANACR qui a fait coexister tout au long de son histoire dans ses organes de direction ou à son comité d'honneur, outre ceux déjà cités, des femmes et des hommes aussi divers que Madeleine Braun, Martha Desrumeaux, Claude Gérard, Ségolène Malleret-Joinville, Mme Edmond Michelet, Vincent Badie, Claude Bourdet, André Carrel, Laurent Casanova, Jean Cassou, Jacques Chaban-Delmas, Robert Chambeiron, René Char, les Généraux Angenot, Binoche, de Bollardière, Casso, Fernandez, Le Corguillé, Martin, Plagne, Roubertier, Tubert, et Valin, Robert Galley, Auguste Gillot, l'abbé Glasberg, Gilbert Grandval, Georges Guingouin, Léo Hamon, Maurice Kriegel-Valrimont, Joël Le Tac, Louis Longequeue, Raymond Offroy, le colonel Passy, Jean Pierre-Bloch, Roger Priou-Valjean, le colonel Henri Rol-Tanguy, l'Amiral Antoine Sanguinetti, Pierre Sudreau, François Tanguy-Prigeant, Louis Terrenoire, Mgr Théas, Charles Tillon, Louis de Villefosse.
A la diversité des parcours résistants mais aussi des engagements politiques postérieurs à la Libération que traduit cette - fort incomplète - liste, chacun peut comprendre que si - quelles que soient les médiations de raisonnement visant à les faire découler du Programme du CNR - l'ANACR avait systématiquement, a fortiori en donnant des consignes de vote, pris des positions intervenant directement dans le débat politique et social, qu'il concerne la vie politique intérieure ou la situation internationale, son unité aurait volé en éclats.
Elle a connu il est vrai, en 1958, un moment difficile, dans le contexte du soulèvement militaire le 13 mai à Alger contre le Gouvernement de la République, le débarquement de parachutistes en Corse faisant peser une menace d'aventure et pouvant faire craindre une dictature militaire en France continentale, tandis que, tant à Alger qu'à Paris, des voix s'élevaient pour réclamer le retour au pouvoir du général de Gaulle, au prestige évident parmi les Résistants ; retour qui se concrétisera en juin et s'institutionnalisera à l'automne dans l'avènement de la Vème République, dont le Général de Gaulle devient le premier président.
L'ANACR surmonta cette épreuve, de par la volonté de tous de dépasser les appréciations divergentes sur les événements mais aussi sans nul doute pour une raison que traduit une phrase de l'intervention de Léo Hamon lors du Conseil national de l'ANACR le 14 décembre 1958 - "Villon et moi , nous avons vécu ensemble des choses qui ne s'oublient pas" -, c'est-à-dire le puissant facteur de cohésion entre les adhérents de l'ANACR qui découle de leur participation commune à ce combat si intense, si exaltant et si plein de dangers pouvant être mortels que fut la Résistance.
C'est dans des termes à la fois semblables mais aussi différents - notamment pour des raisons évidentes de générations - que se pose pour les Ami(e)s de la Résistance la question du pluralisme de leur Association, tel qu'il en a été posé comme principe fondateur
PLURALISME DES "AMI.E.S"…
Principe fondateur de l'"Association Nationale des Ami(e)s de la Résistance ANACR", le pluralisme l'est en effet ; et si fondamental qu'il figure dans deux des articles de ses statuts. Dès leur article 2, ces statuts précisent qu'elle "a pour but de rassembler sans distinction politique, philosophique ou religieuse et dans l'esprit de pluralisme de l'"Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance (ANACR)", dont elle entend appuyer l'action, tous ceux qui veulent… "
Cette notion de pluralisme figure aussi dans l'article14, ce qui souligne l'importance que l'Association lui attache puisque son non-respect est même l'une des causes de cessation d'appartenance : "La qualité de membre de l'"Association Nationale des Ami(e)s de la Résistance ANACR" se perd par la démission, par le non règlement de la cotisation durant deux années consécutives, par le non respect du caractère pluraliste de l'Association, par la tenue de propos ou la publication d'écrits hostiles et diffamatoires à l'égard de la Résistance et de l'"Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance" (ANACR), par des comportements et prises de positions contraires aux valeurs démocratiques et antiracistes de la Résistance."
Pas plus que l'ANACR, l'Association des "Ami(e)s" ne se situe à droite, à gauche ou au centre de l'échiquier politique, parce que coexistent en son sein des femmes et des hommes se réclamant de toutes les déclinaisons de cette rapide classification, parce qu'y adhèrent notamment des parlementaires de toutes les formations représentées à l'Assemblée Nationale et au Sénat, ainsi que des élus locaux et régionaux de toutes opinions démocratiques, qui partagent nos convictions antifascistes, soutiennent notre combat contre le négationnisme et pour souligner le rôle historique de la Résistance, appuient notre demande de Journée Nationale de la Résistance le 27 mai. Nous sommes une association antifasciste, républicaine et démocratique, dont l'article 2 des statuts précise la nature et délimite le champ d'action, et conséquemment la base sur laquelle chacun choisit, librement et en toute connaissance de cause, d'y adhérer :
- Perpétuer l'esprit de la Résistance, faire partager et transmettre aux générations présentes et futures les idéaux communs aux résistants, exprimés en premier lieu par le Programme du Conseil National de la Résistance,
- Approfondir la connaissance de l'histoire de la Résistance antinazie sur le sol national et hors de France, du sens de son combat et de ses faits d'armes, de l'esprit démocratique et patriotique des résistants face aux occupants nazis et aux collaborateurs vichystes et contribuer à diffuser largement cette connaissance, en premier lieu parmi les jeunes générations.
- Honorer la mémoire des combattants de la Résistance.
- Combattre les idéologies d'inspiration fasciste et collaborationniste, le négationnisme, la xénophobie, le racisme.
- Lutter pour la sécurité des personnes et des Etats, le respect des identités nationales, la fraternité entre les peuples, l'épanouissement des libertés, la paix "
C'est là, chacun en conviendra, un vaste champ d'action qui suffit à notre peine. Ainsi en est-il de la bataille pour la mémoire authentique de ce que furent la Résistance et son rôle, les valeurs qui motivèrent les Résistants. Le contexte de la Guerre froide avait mis à mal la restitution historique de la réalité pluraliste de la Résistance, par des déformations émanant des deux camps vigoureusement opposés : à la survalorisation du rôle de telle ou telle composante de la Résistance par les uns répondait sa sous-estimation par les autres, et vice-versa. La Guerre froide s'estompant, des progrès ont été faits par la suite dans la voie d'une approche plus historique de cette réalité pluraliste de la Résistance, la prise en compte de la mémoire vivante des Résistants pouvant s'inscrire en faux contre telle ou telle assertion ayant d'ailleurs été pour beaucoup dans cette évolution. Pour autant, la bataille pour cette approche historique et non idéologique de la Résistance est loin d'être gagnée : les bouleversements intervenus dans le monde depuis le milieu des années 1980 ont même conforté une historiographie falsificatrice plus ou moins marquée de la réalité de la Résistance.
Les polémiques ces toutes dernières années sur divers événements de notre histoire récente, par exemple à propos de la réhabilitation des fusillés pour mutinerie en 1917, de la libération de Papon malgré sa condamnation pour complicité de crimes contre l'humanité, de la torture en Algérie (affaire Aussaresses), et tout récemment de l'appréciation de la colonisation, montrent bien, à ceux qui en douteraient et voudraient, le hiérarchisant, privilégier un discours immédiatement politique, à quel point la connaissance - authentique ou non - de la réalité historique n'est pas une affaire marginale mais un aspect essentiel du débat et du combat démocratiques contemporains. Ce qui souligne, pour nous en tenir à ce qui seulement nous concerne directement en tant qu'"Ami(e)s" - c'est-à-dire l'authenticité de ce qui s'écrit et se dit sur la Résistance mais aussi sur les crimes de collaboration et le fascisme au pouvoir, car le négationnisme est structurant du discours de Le Pen et ses clones -, l'importance de notre rôle.
Bien sûr, de multiples autres aspects tant de ce débat que de ce combat peuvent, dans les domaines politique, économique, social et culturel, légitimement concerner, voire passionner nos adhérents : les " Ami(e)s de la Résistance qui le souhaitent, sur des sujets qui leur tiennent particulièrement à cœur, peuvent s'engager plus dans un arc-en-ciel de syndicats, de partis politiques, de mouvements et associations démocratiques, qui leur offre des cadres d'action "spécialisés" que ne peut évidemment leur fournir notre Association ; laquelle ne saurait jouer dans ces domaines un rôle de substitut dispensant - pour ceux qui en ressentiraient personnellement le besoin - de tout autre engagement, qu'il soit politique, syndical, social, philosophique, religieux ou culturel. D'autant plus que, selon leurs convictions, les " Ami(e)s " apportent des réponses pouvant aller de la nuance à la différence affirmée aux questionnements de l'actualité politique et sociale.
De plus, il nous faut avoir conscience qu'à la différence des Résistants, les "Ami(e)s" ne sont pas rassemblés par un lien aussi fort que l'est la participation à la Résistance. C'est pourquoi il serait destructeur - pour ne pas dire suicidaire à terme - de nous écarter de la spécificité qui est la nôtre et qui, au delà précisément de nos différences d'opinion politiques, philosophiques ou religieuses, explique et légitime notre appartenance commune à l'"Association Nationale des Ami(e)s de la Résistance (ANACR)" : à savoir la volonté - commune à tous - d'approfondir la Connaissance de la Résistance et de son rôle, la lutte contre le négationnisme et les falsifications de l'histoire, le combat contre les résurgences du fascisme et pour les valeurs de la Résistance.
Certes, il n'est pas besoin d'être un brillant rhétoricien rompu à l'exercice de la dialectique pour constater ou démontrer que les valeurs de la Résistance, que les mesures préconisées par le Programme du CNR entrent en résonance avec nos débats politiques et sociaux contemporains. C'est très bien ainsi, et nous devons rappeler et diffuser dans nos rangs mais aussi bien au-delà, dans les associations, syndicats et partis démocratiques, et plus largement encore dans toute la société, le contenu du Programme du CNR . Sans pour autant leur en suggérer un quelconque, car ce n'est en aucune façon - de par notre nature - notre rôle, l'on ne peut que souhaiter qu'en ayant pris connaissance de ce contenu du Programme du CNR nos concitoyens l'intègrent dans leur réflexion, notamment au moment de leurs choix électoraux. Lesquels, à l'évidence, ne seront pas tous identiques.
Cela est aussi vrai pour nos propres adhérents : si ce n'était pas le cas, cela signifierait que nous ne compterions dans nos rangs que des femmes et des hommes ne se situant que seulement dans une partie du spectre des opinions démocratiques. Ce qui serait contraire au pluralisme fondateur de l'ANACR et des "Ami(e)s" de la Résistance ; un pluralisme qui nous interdit par exemple de donner de quelconques consignes de vote , sauf cas - espérons-le - exceptionnel, comme en 2002 l'appel au vote contre Le Pen au 2ème tour de l'élection présidentielle. Outre que son caractère antifasciste n'a pas besoin d'être démontré, il s'est situé dans une réaction nationale dont le résultat - 82,21 % des exprimés, 62% des inscrits contre Le Pen au second tour - n'est pas sans rappeler l'unité de la Résistance face au fascisme.
Ce respect plein et entier du pluralisme consubstantiel de l'ANACR et des "Ami(e)s " ne pourrait être préservé si nous intervenions sur toutes les questions politiques, économiques et sociales, nationales et internationales... Et quand, toujours aux côtés de l'ANACR, nous sommes amenés très exceptionnellement à le faire, comme cela a été le cas lorsque la Guerre menaçait en Irak, c'est dans le cadre d'un très large consensus national en nous référant au programme du CNR, à la Charte des Nations-Unies et aux positions communes du monde combattant, l'UFAC en premier lieu, en ayant toujours le souci du pluralisme qu'implique la féconde diversité de nos adhérents.
UN PLURALISME CONSUBSTANTIEL
Pour conclure, découlant de celui de la Résistance, de celui de l'ANACR, le pluralisme des "Ami(e)s de la Résistance (ANACR)" est consubstantiel à leur identité et par là-même ne peut être en débat mais mis en œuvre avec constance ; et le but de cet article n'a été que d'en rappeler et expliciter les fondements. Dès lors que les groupes locaux et départementaux d'"Ami(e)s", sans se disperser sur d'autres créneaux du combat démocratique, tiendront celui qui est leur spécificité et de leur responsabilité - la lutte contre les résurgences du fascisme, contre le négationnisme, la réhabilitation du pétainisme, les falsifications de la réalité de la Résistance, contre la xénophobie et pour les valeurs de la Résistance -, ce pluralisme ne sera en aucune façon une contrainte limitant leur champ d'action mais bien au contraire un atout leur ouvrant la possibilité de s'adresser, dans sa diversité, à l'ensemble de notre peuple et de trouver en son sein de nouveaux "Ami(e)s de la Résistance (ANACR)" prêts à mener le combat avec eux.
Le secrétariat national
des "Ami(e)s de la Résistance (ANACR)".
Tout en rappelant l'attachement des Résistants à la fois au respect de la souveraineté nationale de la France et à la coopération entre les peuples et entre les Etats, ni l'ANACR ni les "Ami(e)s de la Résistance", car ce n'est, rappelons-le encore une fois, ni leur nature et leur rôle, n'ont donné de consigne de vote dans le récent débat sur la Constitution européenne qui a traversé la quasi-totalité des formations politiques et séparé en deux parties presque égales l'électorat.