Allocution de Robert BADINTER le samedi 20 septembre 2003

Conçue et réalisée par le plasticien - sculpteur Pascal Convert, en bronze à la patine sombre, haute de 2.1 mètres et de 2.7 mètres de diamètre.
Les 1006 noms en relief sont classés par ordre chronologique verticalement et alphabétique horizontalement.
Il est prévu de rajouter des noms sur une plaque en fonction de l'évolution des recherches d'historiens et des témoignages.
Pascal Convert a par ailleurs réalisé un film documentaire remarquable : "Les oubliés du Mont-Valérien", très bien adapté pour engager la discussion auprès des jeunes lors de causeries dans les établissements scolaires.

Robert BADINTER, initiateur du projet de monument d'hommage aux fusillés du Mont-Valérien, s'attacha à montrer l'extrême diversité en même temps que la profonde unité de ces Français et étrangers qu' "un même idéal, la France et la Liberté, a réuni en ce lieu, en un même tragique destin, des hommes venus d'horizons divers. Combattants des FTP ou de l'Armée Secrète, gaullistes ou communistes ; ceux-ci en grand nombre, professeurs ou ouvriers, Français ou étrangers, chrétiens ou juifs, nombreux eux aussi. Tous se sont retrouvés là. Dans la chapelle désaffectée, avant d'aller à la mort dans cette clairière. Certains portaient des noms à particule, d'autres des noms difficiles à prononcer, mais tous étaient devenus des frères de sacrifice. Jamais la devise de la République n'a été plus éclatante qu'en ces moments là : la Liberté était leur cause, I'Egalité leur condition, la Fraternité leur refuge. Je crois - poursuivit Robert BADINTER - que rien ne témoigne mieux de l'amour de la France et de la République que cette communauté de destins. Il est saisissant que soient tombés ici, pour elles, l'officier de marine d'ESTIENNE d'ORVES et le député communiste Gabriel PERI. Et, côte à côte, Claude WAROQUIER, vingt ans, militant de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC) et Henri BAJTSZTOK, vingt ans, fils d'ouvrier Juif polonais immigré, FTP., fusillés le 6 octobre 1943, et dont les dernières lettres à leurs parents bien-aimés, écrites à Fresnes, trois heures avant leur exécution, s'achèvent par les même mots : "Je vous embrasse tendrement - Vive la France ! ".. Tout comme il est symbolique que le 21 février 1944, à trois heures de l'après-midi, quelques minutes avant l'exécution de MANOUCHIAN, chef de la M0I., et de vingt-deux de ses camarades, aient été fusillés, dans la clairière, trois lycéens de Saint-Brieuc qui n'avaient pas vingt ans et dont je dis les noms : Yves SALAUN, Pierre LE CORNEC, Georges GEFFROY".