Robert BADINTER,
initiateur du projet de monument d'hommage aux fusillés du Mont-Valérien, s'attacha
à montrer l'extrême diversité en même temps que la profonde unité de ces Français
et étrangers qu' "un même idéal, la France et la Liberté, a réuni en ce lieu,
en un même tragique destin, des hommes venus d'horizons divers. Combattants des
FTP ou de l'Armée Secrète, gaullistes ou communistes ; ceux-ci en grand nombre,
professeurs ou ouvriers, Français ou étrangers, chrétiens ou juifs, nombreux eux
aussi. Tous se sont retrouvés là. Dans la chapelle désaffectée, avant d'aller
à la mort dans cette clairière. Certains portaient des noms à particule, d'autres
des noms difficiles à prononcer, mais tous étaient devenus des frères de sacrifice.
Jamais la devise de la République n'a été plus éclatante qu'en ces moments là
: la Liberté était leur cause, I'Egalité leur condition, la Fraternité leur refuge.
Je crois - poursuivit Robert BADINTER - que rien ne témoigne mieux de l'amour
de la France et de la République que cette communauté de destins. Il est saisissant
que soient tombés ici, pour elles, l'officier de marine d'ESTIENNE d'ORVES et
le député communiste Gabriel PERI. Et, côte à côte, Claude WAROQUIER, vingt ans,
militant de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC) et Henri BAJTSZTOK, vingt
ans, fils d'ouvrier Juif polonais immigré, FTP., fusillés le 6 octobre 1943,
et dont les dernières lettres à leurs parents bien-aimés, écrites à Fresnes, trois
heures avant leur exécution, s'achèvent par les même mots : "Je vous embrasse
tendrement - Vive la France ! ".. Tout comme il est symbolique que le 21 février
1944, à trois heures de l'après-midi, quelques minutes avant l'exécution de MANOUCHIAN,
chef de la M0I., et de vingt-deux de ses camarades, aient été fusillés, dans
la clairière, trois lycéens de Saint-Brieuc qui n'avaient pas vingt ans et dont
je dis les noms : Yves SALAUN, Pierre LE CORNEC, Georges GEFFROY". |