Ces pages sur la Résistance d'un natif de Louargat regroupent des témoignages recueillis auprès de l'un de ses acteurs durant la période de l'occupation allemande (du 20 juin 1940 au 8 août 1944 pour Louargat), mon père, Armand TILLY. Elles relatent des faits qui ne se sont pas nécessairement passés à Louargat mais évoquent le parcours d'un résistant originaire de cette commune ayant exercé des responsabilités. En aucun cas pages relatent toute l'histoire de la Résistance sur Louargat.
Armand TILLY est né le 11 juin 1915 à Crec'h-Caradec en Louargat. Il a été appelé pour son service militaire en 1936 à Fontainebleau dans la Seine-et-Marne, et n'a retrouvé la vie civile et légale pratiquement qu'à la fin de la guerre soit en mai 1945.
Les principales étapes de son parcours furent :
- le 17 mars 1939, rappel sous les drapeaux, quelques mois après avoir été démobilisé à la suite de son service militaire qui durait, à l'époque, deux ans.
- du 10 mai 1940 jour du déclenchement de l'offensive allemande jusqu'au 1er juin 1940, participation à la drôle de guerre, campagne de France et de Belgique,
- le 1er juin 1940, embarquement sur un bateau pour l'Angleterre depuis le port de Dunkerque après la défaite de l'armée française, puis retour en France en passant par Cherbourg pour rejoindre le sud de la France en zone libre,
- le 8 septembre 1940, démobilisation à Albi dans le Tarn,
- de 1940 à 1944, participation à la Résistance, enregistré sous le matricule numéro 22092 à partir du mois de novembre 1942,
- du 6 août au 15 août 1944, participation à la Libération de Trédrez-Locquémeau, Lannion et Tréguier,
- du 17 septembre 1944 au début février 1945, participation à la Libération de la poche de Lorient et engagement sur le front de Saint-Nazaire, .
Je ne prétends pas détenir toute la vérité : erreurs et oublis sont toujours possibles, mais ils ne seraient que fortuits. Certains noms ont pu être oubliés involontairement, je m'en excuse par avance si c'est le cas.
Après avoir été le témoin direct des crimes commis par l'armée d'occupation allemande en Belgique et en France, du 14 mai au 15 juin 1940 durant la "drôle de guerre" (l'aviation nazie n'hésitant pas à bombarder des églises, des villages, des villes à la population sans défense constituée en majorité d'enfants, de femmes et de vieillards) ; après avoir été le témoin direct de la mort de neuf de ses camarades, mon père n'avait qu'une idée en tête : chasser cet occupant criminel. Mais comment ? La réponse ne viendra que plus tard après avoir longuement mûri.
C'est entre 2005 et 2010 que j'ai réalisé ces pages, mon père avait donc entre 90 et 95 ans, la mémoire intacte et une précision surprenante quant aux noms, lieux, dates et faits, tous ceux qui l'ont approché peuvent en témoigner, son passage à FR3 le 12 mai 2010 (70ème anniversaire des événements de Dunkerque) a étonné plus d'une personne. J'ai eu beaucoup de chance d'avoir pu recueillir son témoignage.
Ces pages n'ont pas pour but de glorifier ou de mettre en avant l'action de mon père, cela ne correspondant pas du tout à son état d'esprit.
Ces rubriques s'adressent particulièrement aux jeunes générations et ont trois buts principaux :
- faire connaître une page de l'histoire locale, fût-elle incomplète, pour que de tels événements ne se reproduisent plus,
- faire comprendre que la Résistance n'était pas quelque chose de banal,
- mais aussi rendre hommage à tous ces jeunes entrés dans la Résistance alors qu’ils avaient pour la plupart entre vingt ans et vingt cinq et qui ont sacrifié leur vie ou une partie de leur jeunesse pour que nous puissions aujourd'hui vivre libres et en paix.
Je dois préciser que ce site n'a pas été réalisé à la demande de mon père, c'est en le "harcelant" qu'il m'a livré son témoignage, combien de fois m'a t-il dit : "arrête de m'emmerder avec ça, après je ne dors pas la nuit".
Pour rédiger ces pages je me suis appuyé sur beaucoup de documents des Archives Départementales de Saint-Brieuc (procès verbaux de gendarmerie, divers témoignages...) permettant ainsi de croiser les informations. Ce travail de recherche est indispensable, faut il rappeler que les Archives servent de support pour l'écriture de l'Histoire, que l'on soit simple chercheur, historien amateur ou professionnel. Mon père était réticent quant au contenu des procès verbaux de gendarmerie jugeant que ces documents émanaient de la gendarmerie au service de Vichy. Après lui en avoir fait lire une dizaine le concernant directement il a admis que ceux ci étaient le reflet de la vérité.
Le témoignage de mon père m'est apparu intéressant car je me suis aperçu qu'il fut un des rares à avoir fait dans "la foulée" : drôle de guerre, campagne de France et de Belgique, passage en Angleterre, retour en France, Résistance (enregistré en 1942) et Front de Lorient.
Je vous souhaite bonne lecture et vous demande de ne pas hésiter à me faire part éventuellement de vos remarques.
Je remercie Françoise MORVAN qui a relu ces pages et en a assuré la correction.
Serge TILLY