Les Allemands sont arrivés le 20 juin à Rennes, puis, très rapidement et sans opposition, ils ont occupé toute la Bretagne : dans le moindre petit bourg réside un détachement de l'armée allemande. En comptant les enrôlés de diverses nationalités, dont les « Russes blancs » de l’armée Wlassov, il y aura jusqu'à 150000 Allemands en Bretagne.
Les soldats français étant appelés à rejoindre les caserne, les jeunes de Louargat rejoignent la caserne de La Tour-d'Auvergne à Guingamp. Ils sont ensuite regroupés dans un stade à Loudéac : c'est là que Jean LEBRUN de Lescondé en Louargat est abattu le 22 juin 1940 alors qu'il tente de s'évader. il est peut-être la première victime bretonne de l’Occupation. Ses camarades partiront pour la plupart prisonniers de guerre en Allemagne et ne reviendront qu'à la fin de la guerre. Environs deux cents jeunes de Louargat seront maintenus prisonniers en Allemagne, en tenant compte de ceux qui avaient été pris sur le front dans le nord de la France en 1940.
Pour abriter leur armée conquérante, les Allemands réquisitionnent les bâtiments qui leur conviennent : par exemple, à Louargat, l'école des filles qui leur sert de casernement. En règle générale, ils prennent possession de toutes les grandes demeures (le château de Coat-Noz à Loc-Envel, le château du Gollot à Plounévez-Moëdec…), de tous les grands bâtiments publics ou privés, de beaucoup d'écoles… et cela sans demander l'avis de quiconque.
Au début de l'Occupation, les Allemands sont polis, courtois, cherchant à se faire accepter par la population. Il y a bien des personnes qui sont contre cette occupation, mais elles sont peu nombreuses, la belle image du Maréchal PETAIN, vainqueur de Verdun en 1914-1918, est encore vivace malgré sa politique de collaboration avec HITLER.
Au bout de quelques mois, la situation se dégrade, l'Allemagne pratiquant des réquisitions de toutes sortes ; multipliant les arrestations, les exactions, les pillages, les vols et les déportations ; provoquant des restrictions ; supportant mal ses défaites sur le front russe et réquisitionnant les jeunes pour le Service de Travail Obligatoire (STO) en Allemagne… L'occupant est alors massivement rejeté, le peuple français reprenant peu à peu confiance.
Pour se débarrasser de l’occupant, la solution politique négociée n'est pas envisageable ; le seul recours est la lutte armée, difficile sans préparation, sans armes, face à des soldats bien armés, aguerris aux combats.
Il faudra des mois et des mois pour mettre en place la Résistance. Sur l'ouest du département, c'est autour du Front National pour la Libération de la France, le FN, et de son bras armé les Francs Tireurs et Partisans Français (les FTPF) que les résistants (appelés « patriotes » par la population) se retrouveront, ces organisations ayant le plus souvent à leur tête des militants du Parti Communiste Français.
Ce n'est que le 3 mars 1944 que les premières armes seront parachutées dans l'ouest du département, à Maël-Pestivien, soit presque quatre ans après le début de l'Occupation.
Après le débarquement des alliés en Normandie le 6 juin 1944, les Allemands appliquent la politique de la terreur, massacres, incendies des biens et des personnes, pendaisons, torture, exécutions sommaires, pelotons d'exécution sont le lot de tous les jours.
C'est le 16 août 1944, jour de la Libération de Paimpol, que l'armée allemande bat en retraite pour se regrouper en direction de Brest et de Lorient. Nombre de soldats sont faits prisonniers et livrés à l'armée américaine. Notre département est enfin libéré du joug nazi, la plupart de ses villes, communes et villages s'étant libérés eux-mêmes, à l'exception de Paimpol, Tréguier et Saint-Brieuc, libérées avec l'aide des armées alliées.
Mais la guerre n'est pas terminée, il faut réduire les poches où se retranchent des milliers de soldats allemands. Les FFI des Côtes-du-Nord iront à Lorient et combattront dans des conditions difficiles jusqu'à la capitulation sans condition le 10 mai 1945 de l'armée allemande. Ce sera alors le retour des prisonniers et des déportés dont seulement la moitié environ reviendront, méconnaissables, malades, meurtris dans leur têtes et leurs corps.
Que de sang versé ! Que de larmes essuyées ! Que de souffrances endurées ! Que de vies brisées ! Le pays est ruiné, pratiquement tout est à reconstruire, les pénuries dureront encore plusieurs années.
Les crimes commis par l'occupant ne seront pratiquement jamais jugés, ce sera la grande déception des familles qui ont perdu un ou plusieurs êtres chers. |