Le 26 juillet 1944, nous étions cantonnés à Coat-ar-Bescond en Saint-Éloi dans un chemin qui desservait une prairie. Un camarade m’a dit avoir aperçu au bout du chemin quelqu’un qui nous regardait, mais se sentant découvert l’inconnu s’est éclipsé aussitôt. J'ai observé un instant dans la direction et j’ai aperçu à nouveau un homme endimanché qui nous observait à une centaine de mètres. J’ai tout de suite averti mes camarades. Nous nous sommes mis à sa recherche pour essayer de l’intercepter. Il y avait un champ de blé, nous avons fouillé partout sans résultat. Notre campement fut à nouveau déplacé, tout en restant à proximité de Coat-ar-Bescond. Je suis certain de connaître l’identité de cet individu, mais, faute de preuves, ne peux le nommer. C'était un gendarme de Belle-Isle-en-Terre connu pour son hostilité envers la Résistance.
C'est à la fin du mois de juillet que deux déserteurs enrôlés de force par les Allemands sont venus nous rejoindre au maquis, ils étaient en contact avec la famille MINOUX de Saint-Éloi le père et ses 2 fils Jean et Yves, emportant avec eux 2 fusils-mitrailleurs, ils travaillaient à Saint-Éloi pour l'entreprise allemande TODT chargée de construire des aménagements pour les troupes d'occupation (mur de l'Atlantique, blockhaus, terrain d'aviation...), tous les deux nous ont suivi sur le front de l'Atlantique, l'un était Hollandais il s'appelait Gérard SCHERARDER, d'une famille de 23 enfants, il s'est marié par la suite à une fille de Pluvigner près de Lorient, l'autre était Belge et s'appelait BODSON.
Lorsque nous étions installés Coat-ar-Bescond en Saint-Éloi nous avons voulu tester les mitraillettes anglaises Sten que nous avions reçues lors du parachutage de fin juin 1944, afin d'éviter de se faire repérer à cause du bruit nous sommes allés dans une carrière appartenant à LE BOT sur la route de Pédernec (côté sud de la voie ferrée) à environ 600 m du passage à niveau. Nous avons été très surpris de l'imprécision des tirs, ces armes étaient de fabrication légère, de mauvaise qualité, l'ossature était en tôle d'acier pliée, de plus elles étaient très sensibles aux chocs, le fait de la poser un peu brutalement au sol sur la crosse pouvait provoquer son déclenchement, plusieurs accidents mortels furent à déplorer. Cette arme ne permettait de tirer qu'au jugé sans précision en balayant un angle.
Toujours à Coat-ar-Bescond en Saint-Éloi, nous avions reçu du tabac qui avait été réquisitionné chez un débitant du secteur, il fut caché dans un grenier à foin d'un cultivateur à proximité de notre maquis, lorsque nous avons voulu le récupérer il avait disparu. Il faut savoir que le tabac servait de monnaie d'échange, nourriture contre tabac par exemple, chaque fois qu'un débitant faisait l'objet d'une réquisition (considérée par les gendarmes français comme un vol) le débitant était réapprovisionné gratuitement. |