Un autre passage obligé était de faire ses Pâques (seuls étaient exemptés les enfants n'ayant pas encore commencé le catéchisme), il fallait aller le samedi précédent Pâques en fin de journée se confesser à l'église auprès d'un curé, puis le lendemain lors de la messe du dimanche matin se communier.
Pour communier il était obligatoire d'être à jeun c'était la règle selon l'église, il est arrivé que ma sœur Jeanne qui s'occupait de moi quand j'étais petit (de 14 ans mon aînée), me dispute car je ne respectais pas ce règlement, d'ailleurs je ne devais pas être le seul.
Pour les personnes habitant loin du bourg comme ceux du coté de Kerdivoalanet ou de Guernelin, villages distants respectivement de 4 et 5 km environ de l'église nécessitant plus d'une heure de marche, faire le chemin le ventre creux, tôt le matin, à pieds, passant par des chemins remplis de boue, traversant des champs, luttant bien souvent contre le vent la pluie et le froid, car avant 1930 il n'y avait pratiquement aucune route empierrée, j'imagine que ces gens devaient arriver à l'église exténués de fatigue, j'imagine aussi que beaucoup ne devaient pas respecter ce règlement stupide, ce n'était pas l'hostie qui devait leur remplir le ventre.
Communier consistait à se joindre bien souvent dans une file d'attente, se présenter son tour venu devant le curé, se mettre à genoux les mains jointes, ouvrir la bouche, sortir la langue et attendre que le curé de service prenne avec la main une hostie de son calice pour la déposer sur la langue, une hostie étant une sorte de dragée de couleur blanche de 3 cm de diamètre et de 0.5 cm d'épaisseur environ que l'on ne devait en aucun cas croquer ou avaler brutalement, il fallait la laisser se dissoudre naturellement sur la langue, aucun goût ne s'en dégageait, on aurait préféré avoir un bonbon, lorsque l'on quittait le curé on devait faire le signe de croix et regagner sa place dans l'église. On refaisait je crois un rituel du même genre au moment de la Toussaint.