La religion telle qu'Armand Tilly l'a vécue à Louargat
sur la période 1915 - 1945
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LES PROCESSIONS
A l’époque il y avait plusieurs processions dans l’année au bourg de Louargat : à Pâques, à la Pentecôte, lors de la grande fête de Louargat le premier dimanche du mois d’août jour du pardon (à l’origine fête religieuse qui s’est laïcisé au fil des années) et le 15 août.
Le parcours suivi par la procession était tapissé au sol de fleurs sur toute sa longueur, les bannières étaient portées uniquement par les hommes qui étaient désignés par les curés. Je fus un jour désigné pour tenir ce rôle, je refusais de m'y plier.
Les gens suivaient d’un pas relativement lent un parcours en suivant les bannières, chantant des cantiques en breton, partant de l’église, se dirigeant vers l’oratoire par la route de la Gare, y marquant un arrêt pour prier, rejoignant la route nationale, faisant un crochet par l’actuelle rue du monument aux morts, regagnant le cimetière qui entourait l’église à l’époque, s’arrêtant devant le calvaire pour y prier à nouveau et enfin la procession se terminait dans l’église. Les personnes qui assistaient au passage de la procession devaient se découvrir, ne pas fumer... sous peine de remarques désobligeantes. Le chemin emprunté était jonché de fleurs multicolores suivant la saison, des tentures étaient pendues aux façades des maisons, des draps en général, des fleurs y étaient attachées, lorsqu’il pleuvait celles-ci déteignaient sur les tissus faisant des dégoulinantes multicolores.
A la Toussaint une procession parcourait lentement l’intérieur du cimetière dans l’allée bordant le mur d’entourage, les gens s’arrêtaient sur les tombes familiales ou de proches environ une dizaine de minutes pour faire des prières excepté aux endroits où la terre n’était pas bénite c’est à dire aux emplacements réservés aux suicidés et aux bébés non baptisés.

C'est le curé au cours de la messe qui désignait les porteurs de bannières, croix et autres. Certaines personnes étaient très fières et honorées de remplir ce rôle les mettant en évidence. Vers 1928 donc à 13 ans, je fus désigné, mais je ne me rendis pas à la procession.

A Saint-Eloi, il y avait deux processions, celle de la fête Dieu qui se tenait le premier dimanche du mois de juin et celle 15 août. Les processions partaient de l’église, contournaient le monument aux morts, faisaient un crochet par la fontaine – lavoir (ses eaux avaient soit disant le pouvoir de guérir les chevaux) s’arrêtant pour prier, se rendaient ensuite au calvaire à la sortie du bourg celui proche de l’école des soeurs priant à nouveau, pour revenir enfin dans le cimetière et marquer un temps d’arrêt devant le calvaire pour prier et enfin pour se terminer dans l’église. A Saint-Éloi aussi le parcours était tapissé de fleurs au sol, des draps étaient tendus sur les façades des maisons.

Yves LE HUEROU bien connu pour son anticléricalisme n'hésitait pas à faire traverser le parcours fleuri par ses vaches déclenchant de vives protestations des gens d'église. Les rapports étaient très tendus entre les uns et les autres qui ne s'adressaient pratiquement pas la parole.