Le curé et son vicaire faisaient chacun trois quêtes par an, oui j'ai bien dit 2 fois 3 quêtes par an, pour le blé, pour le lard et pour le beurre, si on voulait être en bons termes et être bien vu par le curé on avait intérêt à donner. C’est durant les périodes "d’abondance" qu’ils passaient chez les gens, c’est à dire en période où les pâturages était abondant au mois d'avril pour le beurre après la moisson au mois d'août pour le blé, pour le lard je ne me souviens plus.

Le curé était accompagné par un paroissien mettant à sa disposition une charrette pour récolter les victuailles, souvent il était secondé par le sacristain ou le vicaire son adjoint. Il est arrivé que mes parents donnent par la force des choses, pour le lard et le beurre c'était auprès de ma mère qu'il s'adressait pour le blé c’était auprès mon père.

A mon époque les petits cultivateurs vivaient de façon misérable, ils avaient bien souvent beaucoup de difficultés à nourrir leur famille composée de nombreux enfants (à Crec'h-Caradec nous étions 9 à la maison dont 7 enfants, chez les JEGOU 8 personnes, chez les LÉON 9 personnes), je me souviens qu’enfant je n’avais pas plein mon ventre malgré le mal que se donnaient mes parents. J’ai toujours considéré comme une honte de voir les curés venir quémander de la nourriture chez des familles pauvres pratiquement obligées de donner à ces parasites tant les pressions étaient fortes.

Bien sur chez certaines familles mais pas parmi les plus pauvres il en profitait pour se faire inviter à manger, toutes les occasions étaient bonnes pour eux, de vrais sangsues.

Jean LE MEN mutilé de la guerre 1914-1918 notre voisin à Crec'h-Caradec lors du passage du curé pour la quête du blé, Jean lui donna un panier rempli de la précieuse céréale pour verser dans un grand sac apporté par le curé, celui-ci lui dit : "c’est tout ce que tu me donnes !", Jean lui répondit : "tu n’as qu'à le semer et l’année prochaine tu verras tu en récolteras de quoi remplir ton sac".

Un cultivateur KERBELLEC ou LE SCLOTOUR du Gollot mettait carrément le curé à la porte personne d’autre à Louargat osait faire une chose pareille.