Normalement, le tabac pris lors des réquisitions était réparti entre les clandestins (c'était un moyen de maintenir le moral), mais il pouvait aussi servir de monnaie d'échange.
A Kerampont, à Lannion, il y avait un dépôt de tabac au n°4 rue du 73ème Territorial. Les réquisitions se faisaient parfois avec la complicité des employés, le dépositaire n'étant jamais lésé puisqu'il était réapprovisionné gratuitement en dédommagement de la marchandise « volée ».
Ont participé à l’opération du 3 mai, Eugène LE LAGADEC et moi, qui travaillions alors en clandestins à la ferme du Joncourt en Ploubezre chez Alexis HENRY (nous étions venus à bicyclette), François TASSEL de Ploubezre, Jean NOE de Nonancourt dans l'Eure, LANDOAS de Ploubezre et Marcel DIGUERHER de Lannion (venus avec la camionnette bâchée de LANDOAS).
Le tabac embarqué dans la voiture, Eugène LE LAGADEC et moi, nous sommes repartis en vélo vers Ploubezre. Le véhicule a pris la même direction mais je n’ai jamais su ce qu’était devenu ce tabac qui aurait été entreposé du côté de Kerguiniou en Ploubezre.
A l'époque, on ne connaissait pas les effets nocifs du tabac, mais, Eugène et moi, on a trouvé dur d'avoir participé à cette opération, avec les risques insensés encourus, sans avoir eu un seul paquet de cigarettes.
Marcel DIGUERHER se souvient :
Le véhicule s'est arrêté devant l'entrepôt, le chauffeur étant resté au volant, François TASSEL est allé prendre contact avec le directeur Monsieur HERRY, trois camarades se sont chargés de couper les fils du téléphone et de surveiller l'intérieur de l'entrepôt, pour ma part j'ai assuré la garde à l'extérieur la mitraillette sous ma veste prêt à intervenir, avec pour consigne de faire entrer les passants trop curieux, des gens m'ont reconnu étant du quartier, j'habitais à l'époque chez ma mère rue de Kerampont. Notre chargement terminé notre départ fut salué par des lycéens sortant pour la récréation. |
