Pierre LE MANAC'H était né le 18 mai 1921 à Louargat au moulin du Loc'h-Du. En 1940, durant l'hiver, ma future épouse, Clémence LE LAGADEC, son amie, Yvonne BELLIGUIC, Pierre LE MANACH et moi, sommes allés nous promener à pied du bourg de Louargat jusqu'à Pont-Jaudy sur Tréglamus. En cours de route Pierre m'a raconté qu'il avait l'intention d'assembler un avion pour partir en Angleterre. Je ne le croyais pas, ne sachant pas à l'époque qu'il était titulaire du brevet de pilote.
Plus tard, je sus qu'il y avait bien un avion caché à Dinard en Ille-et-Vilaine.

Pierre LE MANACH était le neveu de Marie LE MANACH épouse MOND, plus connue sous le nom de Lady MOND, qui demeurait au château de Coat-an-Noz en Loc-Envel. Lorsque les Allemands l'occupèrent, ils mirent la main sur plusieurs voitures de Lady MOND.

Pierre LE MANACH épousa Joséphine TILLY dite "Fifine" dont la mère, Alexandrine LE GUYADER épouse TILLY, fut arrêtée le 5 mars 1942 pour être venue en aide à des aviateurs alliés. Elle fut déportée au camp de concentration de Mauthausen ou elle mourut le 5 avril 1945. La sœur de Fifine, arrêtée le même jour pour le même motif, fut internée durant six mois à la prison de Troyes. Fifine nous rejoignit dans la Résistance comme infirmière au maquis, puis sur le Front de Lorient.

Pierre LE MANACH fut arrêté le 28 janvier 1941 dans le Finistère, dénoncé par Mathilde LE GALL, institutrice à Loc-Envel qui s'était mariée à un milicien autonomiste de la Bezen (milice) PERROT dénommé HERVÉ (les militants nationalistes bretons collaboraient dès avant guerre avec les nazis et avaient créé fin 1943 une milice sous uniforme SS).

Pierre LE MANACH fut condamné à mort le 29 janvier 1941 pour aide à l'ennemi, peine commuée par décision du 16 mai 1941 en cinq ans de travaux forcés, il séjourna dans diverses forteresses en Allemagne, puis, libéré, reviendra en France, très affaibli, le 29 mai 1945. Il mourut en 1966 des suites de sa déportation.

Lady MOND fut arrêtée le 3 mars 1944, car "soupçonnée de financer des groupes terroristes", toujours sur dénonciation de Mathilde LE GALL qui était sa dame de compagnie. Elle fut conduite à la kommandantur de Saint-Brieuc, puis assignée à résidence dans son hôtel particulier avenue d’Iéna à Paris.

Pierre, son épouse Joséphine et Alexandrine LE GUYADER ont été décorés de la Légion d'honneur. Il fut l'un des premiers à tenter de résister, dès l'hiver 1940. Je tenais à lui rendre hommage.