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OCTOBRE 1940 : PREMIÈRE ACTION

Je ne faisais, à l'époque, partie d'aucune organisation, comme je l’ai dit. A la demande de Jean LE GALLOU, j'ai relevé à Tréglamus près du bourg la topographie du dépôt de munitions allemand constitué de torpilles qui fut enlevé durant l'hiver 1940-1941 pour être amené en gare de Belle-Isle-Bégard et être embarqué sans doute pour le front de l'Est. Ce dépôt était situé à côté de l'école des sœurs à l'entrée du bourg de Tréglamus. A l'époque je travaillais chez le boulanger Albert LE GUYADER chez qui j'étais hébergé, l'essence étant contingentée je faisais les tournées de distribution du pain avec un char à banc auquel était attelé un cheval appartenant à mon employeur, c'est donc au cours d'une de mes tournées que j'ai fait un relevé des lieux, les torpilles étaient entreposées dans le champ voisin à l'école des soeurs le long du talus. Ce fut mon premier acte de résistance sur la région. Je n'ai jamais su à qui Jean LE GALLOU transmis mes relevés.

Jean LE GALLOU était originaire de Louargat, demeurant au bourg à gauche en descendu vers le lavoir de Sant-Per, sa mère était veuve de guerre. Nous étions ensemble dans la même classe à l'école. Il était instituteur à Belle-Isle-en-Terre, connu pour être un militant communiste. Il a combattu par la suite dans la compagnie Ernest LE BORGNE de Callac. Il fut l'un des responsables de ce groupe de FTPF.

Ne voulant pas rester sans agir. J'avais entendu parler d'une dame de Bégard, la femme du garagiste Auguste BODIOU qui s'occupait d'après ce qui se disait, de favoriser le départ de jeune pour l'Angleterre. Je suis donc allé la voir en lui demandant si elle pouvait m'aider à partir l'autre côté de la Manche, elle me répondit qu'elle ne voyait pas ce dont je voulais parler. Ne me connaissant pas, en fait elle fit preuve de prudence. J'appris par la suite qu'elle fut arrêté par la gestapo le 25 mars 1942 pour aide à des militaires Anglais, accusée d'avoir envoyé un colis.
Madame BODIOU fut jugée par un Tribunal Militaire Allemand du Gross Paris à l'hôtel Continental rue Boissy d'Anglas à Paris 8ème du 27 juin 1942 au 17 juillet 1942, elle fut acquitée et libérée le 20 avril 1942. Dans ce procès 30 bretons furent jugés, 3 furent décapités, 7 furent déportés, 6 moururent en camp de concentration (dont 3 femmes parmi elles, la maman de ma camarade Fifine TILLY).


c'est dans ce champ près de l'école des soeurs que furent entreposées en 1940 des torpilles par les Allemands

A cet époque il n'était pas question de lutte armée, les seuls actes de Résistance consistaient à faire du renseignement.

Peu d'actions se sont passées à Louargat avant que je parte dans la région parisienne à la fin du mois de juillet 1941 pour trouver du travail.

Beaucoup de gens acceptaient l'occupation allemande pensant que c'était une bonne chose, nous étions peu à montrer ouvertement notre opposition à cet état de fait.
De mon côté malgré qu'aucune résistance ne soit organisée localement je tentais de convaincre des jeunes de ne pas partir travailler volontairement en Allemagne et recherchais aussi à tester certains sur leur envie de vouloir chasser l'occupant.

Petit à petit la situation se dégradait : restrictions et instaurations des tickets d'alimentation, saisies de chevaux et de fourrage, occupation par les allemands de propriétés privées, instauration du Service du Travail obligatoire en Allemagne... la situation mûrissait, les gens commençaient à être mécontents de l'occupation de leur pays par une armée étrangère.