1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33
34
35
36
37
38
39
40
41
42
43
44
45
46
47
48
49
 

NOVEMBRE 1942 : BÛCHERON À LA FORÊT DE BEFFOU EN LOGUIVY-PLOUGRAS
Quelques jours après notre retour à Louargat, mon cousin Emmanuel COSSIN le fils de ma marraine Fine demeurant à Colombes est venu nous rendre visite à Louargat, il venait faire du ravitaillement pour du beurre chez sa tante qui tenait une ferme à Quilvic en Tréglamus, de retour à Colombes il devait partir en Allemagne pour le STO -Service Obligatoire du Travail- (1). Après en avoir discuté avec lui je réussi à le convaincre non sans mal de ne pas partir et lui proposais de revenir à Louargat après avoir apporté ses marchandises à sa famille de Colombes, ce qu'il fit.

Je suis allé chercher du travail dans la forêt de Beffou en Loguivy-Plougras. C'est là que j'ai rencontré Jean BOUJET, le garde forestier (2), à qui j'ai demandé s'il y avait du travail pour moi, pour mon cousin Emmanuel COSSIN et un autre camarade venant comme lui de la région parisienne qui se trouvaient dans la même situation que la mienne. Jean BOUJET a accepté de nous embaucher.

Notre travail consistait à couper du bois à l'aide d'une scie et à former des stères de bois de chauffage, travail très dur physiquement.
Jean BOUJET était en liaison avec le commandant ALLAIN (Louis PICHOURON, qui mis en place les FTPF sur tout l'ouest du département), originaire de Kernu en Pédernec fut arrêté au mois de mars 1944 et envoyé en camp de concentration à Buchenwald d'où il revint à la Libération.

Mes compagnons n'étaient pas habitués à ces rudes travaux. Moi non plus, d'ailleurs ; de plus, nous étions mal nourris, mal payés ; je fournissais à moi seul plus de travail que mes deux compagnons ; cela ne pouvait plus durer. Au bout de six semaines environ, nous avons décidé de quitter la forêt de Beffou et de partir chacun de son coté. Emmanuel m’a suivi à Louargat. Il fallait maintenant trouver un autre travail pour vivre.

Amédée ROPARS, minotier à Tonquédec, que je connaissais du fait qu'il livrait avant guerre de la farine sur le secteur de Louargat, m'a mis en contact avec un cultivateur du Rhun en Ploubezre qui était d'accord pour me prendre avec lui : Pierre DELISLE dit Pierrick, était propriétaire d'une petite ferme au Rhun à proximité de la chapelle de Kerfons ; sa femme, Eulalie, avait un fils, le "Petit Pierre", âgé à l'époque de deux ans. Finalement, c'est mon cousin Emmanuel qui a pris cette place et y est resté jusqu'au 11 novembre 1943, retournant ensuite à Colombes où il trouva du travail au gaz.

PIERRICK a aidé la Résistance en collectant des renseignements en hébergeant des clandestins, tout comme son cousin Yves DELISLE et son épouse Victoire LIBOUBAN du Croijou en Ploubezre qui tenaient un petit débit de boissons.

(1) Le STO fut institué pour compenser le manque de main d'oeuvre dans les usines en Allemagne, le front russe accaparant beaucoup d'hommes. C'est le gauleiter nazi Fritz SAUCHKEL surnommé le négrier de l'Europe qui fut chargé le 21 mars 1942 d'amener la main d'oeuvre de toute l'Europe par tous les moyens en Allemagne.
(2) La forêt de Beffou en Loguivy-Plougras appartenait à l'époque au colonel GILLET, depuis elle est devenue propriété du département et s'étend sur 620 hectares.


lJean BOUJET

Yves Delisle

Pierre Delisle