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DÉCEMBRE 1942 - SEPTEMBRE 1943 : OUVRIER AGRICOLE AU JOURCOURT EN PLOUBEZRE
Devant trouver du travail, je suis entré en contact avec Amédée ROPARS, minotier au moulin situé en bordure du Guer, plus bas que le château de Tonquédec qui appartenait au comte ROUGET DE LISLE. Amédée avait perdu une jambe, suite à un accident de chemin de fer lors de son service militaire. Il était d'accord pour m'embaucher ; c’est alors qu’Alexis HENRY, de passage, voyant que je devais commencer à travailler à la minoterie, m’a proposé de venir travailler chez lui au Joncourt. En accord avec Amédée, j'ai accepté sa proposition. Je ne devais pas le regretter car porter à longueur de journées des sacs de blé ou de farine de cent kilos, ç’aurait été très dur pour moi.

La famille HENRY comprenait le père, Alexis, la mère, Emilie AUREGAN, trois fils, Yves, Joseph, Jean, et une fille, Marie-Antoinette.
L'exploitation comportait une partie agricole traditionnelle (élevage et culture) pour laquelle j'étais embauché, mais aussi une partie culture et teillage du lin. Pour ce travail, le personnel (à savoir jusqu'à une dizaine d'employés) était saisonnier.

Alexis HENRY avait hébergé entre septembre 1940 et novembre 1940 un prisonnier de guerre évadé du nom de Maurice ROBERT. Originaire de Pont-L’Abbé dans le Finistère, il n’était resté qu'une semaine au Joncourt : il n’était pas habitué aux travaux de la ferme. Il avait été recueilli ensuite par Madame Augustine LE NAIR de Ploulec'h et c’est chez elle qu’il fut arrêté par les Allemands le 28 décembre 1940. Maurice ROBERT faisait partie d'un groupe de résistants nommé le groupe Roger BARBÉ dont tous les membres furent arrêtés les 28 et 29 décembre 1940. Maurice ROBERT fut fusillé au Mont-Valérien le 30 décembre 1941.

Les Allemands avaient aussi arrêté Alexis, qui avait été jugé à Brest par un tribunal militaire allemand, et condamné à deux mois de prison pour avoir hébergé un prisonnier de guerre évadé.
Alexis, qui avait exécuté sa condamnation à Rennes, prenait d'énormes risques en acceptant de m'embaucher. Il savait que j'étais clandestin et que la récidive, après les soucis qu'il avait eu en 1941, risquait de lui coûter la vie.

Je participais avec un autre ouvrier agricole à tous les travaux de la ferme : retourner la terre, semer et ramasser les pommes de terre, soigner les chevaux…

J'étais très bien payé par rapport à d'autres : chaque jour, je percevais entre trente et quarante francs, ce qui me faisait un salaire mensuel d'environ neuf cents francs. Tous les samedis soirs, je regagnais à vélo mon domicile au bourg de Louargat, à environ vingt kilomètres, et la patronne me donnait presque toujours une motte de beurre. C'était à l'époque une denrée précieuse ! Et, le lundi matin, je revenais pour la semaine. Le travail était dur, la nourriture ni fameuse ni copieuse (seuls le petit déjeuner et la collation de quatre heures étaient bons, avec des tartines beurrées). Fin septembre 1943, fatigué, j’ai accepté sans hésiter la demande de Louis LALÉS de l'aider à mettre en place la Résistance sur Louargat, et j’ai donc décidé de quitter le Joncourt.

De retour à Louargat il m'a fallut trouver du travail, par chance le voisin de ma belle-mère Pierre GUÉGAN qui était commerçant avait besoin de quelqu'un, il vendait du grain et divers produits agricoles, du charbon... je travaillais donc à la mise en sacs et effectuais divers travaux, j'étais bien chez les GUÉGAN, le midi j'étais nourri sur place mangeant avec la famille et bien nourri même, la maison avait la réputation de faire de la bonne cuisine, les GUÉGAN étaient des gens très gentils, j'en garde un très bon souvenir. J'utilisais la camionnette pour les livraisons, nous sommes allés Pierre et moi à Saint-Brieuc pour en prendre possession, c'était un véhicule acheté chez un ferrailleur à Saint-Brieuc car en 1944 il était difficile de se procurer une voiture, en cours de route du côté de Trémuson je sentais l'arrière de la voiture flotter, en fait les roues arrière étaient des roues de récupération non prévues pour ce véhicule et on failli en perdre une. Je suis resté chez les GUÉGAN jusqu'au 4 avril 1944, le jour où les allemands sont venus tenter de m'arrêter.

la ferme du Joncourt en Ploubezre



Alexis HENRU

Madame HENRY née AUREGAN