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27 OCTOBRE 1944
VIOLENTE OFFENSIVE ALLEMANDE

-Extrait du cahier "Les Bataillons FFI sur les poches de l'Atlantique"-
-édité par l'ANACR-
Pendant une semaine rien d'important n'est à signaler en dehors de l'activité habituelle des patrouilles, mais le 27 octobre 1944 les Allemands déclenchent une violente offensive et le 15ème bataillon va en supporter seul le choc pendant la plus grande partie de la journée.
Lorsqu'on regarde une carte, la situation illogique dans laquelle on a placé les trois bataillons qui se sont succédés sur les positions allant de Nostang à Beringue en passant par le bourg de Sainte-Hélène saute tout de suite aux yeux : un étroit couloir, les Allemands en face et la rivière d'Étel dans le dos avec la seule possibilité de repli par la terre, le pont de Nostang situé au nord du dispositif. Il faut ajouter qu'entre les lignes françaises et la rivière quelques fermes sont encore occupées avec tout le cheptel et d'importantes quantités de légumes alors que les Allemands encerclés dans Lorient manquent de ravitaillement. On comprend très bien dans ces conditions les raisons qui ont poussé le général Wilhelm Fahrmbacher à déclencher des opérations dans ce secteur. Il le précise bien dans son livre Lorient où, rendant compte des résultats obtenus par ses troupes le 27 octobre 1944, il écrit : "L'opération avait atteint son but, la situation dans le secteur Est s'était considérablement améliorée et surtout des quantités considérables de produits agricoles étaient tombées entre nos mains".
Mais les remarques faites sur cette situation par les commandants des trois unités ayant occupé ces positions laissent l'État-Major inflexible.
Le 20 octobre 1944, les Allemands avaient lancé une violente attaque sur Sainte-Hélène. Ce secteur était tenu par le 13e bataillon qui a résisté et l'offensive allemande fut un échec. Le général Wilhelm Fahrmbacher écrira plus tard que : "cette offensive avait été mal préparée". Il avait, en fait, "sous-estimé les possibilités de résistance des FFI".
Wilhelm Fahrmbacher n'a pas manqué d'en tirer des enseignements et il décide de lancer le 27 octobre 1944 une opération de plus grande envergure, cette fois avec des moyens plus importants. Il donne, toujours dans son livre, le détail des forces qu'il lance dans cette opération :
Étaient directement concernés par l'opération :
- 1 - le bataillon du capitaine Albracht avec la 1ère compagnie (Enseigne de vaisseau Muckel) et la 4ème compagnie lourde (lieutenant de vaisseau Zahnbrecher) bataillon auquel fut ensuite subordonnée une compagnie géorgienne que commandait le capitaine Gregoriev.
- 2 - le bataillon du capitaine de réserve Wege avec deux compagnies et demi.
- 3 - deux affûts auto moteurs avec des canons de 45mm et 75 mm antichars sous le commandement du lieutenant de réserve Bernstorff.
- 4 - le groupe d'artillerie est sous le commandement du capitaine de corvette Imholz.
Il ajoute que la batterie de 203 de l'Ile-de-Groix prend part au pilonnage des lignes françaises.
En face de ces importantes forces, le 15e bataillon des Côtes-du-Nord fort de six cents hommes est étiré de Nostang au moulin de Beringue sur plusieurs kilomètres.
Le 27 octobre au matin, les troupe allemandes passent à l'offensive et les combats les plus importants : les plus meurtriers qui aient eu lieu sur le front de Lorient vont se dérouler au cours de cette journée et des journées suivantes.
Rapport du commandant Léon Razurel, commandant du 15ème bataillon
Après une importante préparation d'artillerie une première attaque a lieu vers 6 h 30 au sud de Sainte-Hélène à la hauteur du moulin de Beringue mais, pris sous le feu des armes automatiques des 3ème et 4ème compagnies, les Allemands doivent se replier avec des pertes sérieuses.
Je demande à l'artillerie américaine de pilonner les concentrations ennemies que nous observons devant nos lignes. Les alliés répondent à ma demande par quelques rares tirs dont certains avec succès mais ils m'informent qu'ils doivent ménager leurs munitions.
Vers 11 h et après un intense pilonnage sur toutes nos lignes y compris sur mon PC à Kerfrésec, l'ennemi lance une nouvelle attaque cette fois en direction du bourg de Sainte-Hélène et avec l'appui de deux engins blindés contre lesquels nous ne pouvons rien ne disposant pas d'armes antichars. Malgré une résistance acharnée des 1ère et 2ème compagnies, l'ennemi supérieur en nombre réussit à percer.
La 3ème compagnie placée au sud de notre dispositif risque à ce moment l'encerclement. Mais heureusement sous la protection de quelques éléments dont la section du lieutenant Robert Kernec (section particulièrement très active au cours de ces opérations) les troupes menacées d'encerclement réussissent à se replier en bon ordre et à traverser la rivière en utilisant des barques que nous avions regroupées dans l'anse de Kerdavid en prévision de l'éventualité qui venait de se produire. Puis elles prennent position sur la rive gauche de la rivière.
Les autres formations du bataillon décrochent et viennent prendre position sur la tête de pont de Nostang.
C'est en organisant la résistance sur cette tête de pont que je suis blessé par un éclat d'obus qui me traverse le bras gauche (humérus et nerf radial sectionnés). Il est environ 13 h. Après les premiers soins, je donne les dernières consignes et je passe le commandement du bataillon à mon adjoint le capitaine Joseph Le Meur "Job". Je suis évacué sur l'hôpital d'Auray.
Après cette dure journée, le bataillon reste encore en ligne jusqu'au 6 novembre 1944 dans le secteur de Nostang, le 13e bataillon venant alors prendre la relève.