La religion telle qu'Armand Tilly l'a vécue à Louargat
sur la période 1915 - 1945
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LA CONFESSION
Elle se passait dans l’église sur le coté de l’édifice à l’intérieur d’un espèce de grand meuble en bois appelé confessionnal servant d'isoloir (il y en avait deux dans l’église de Louargat) et séparé en trois parties ne pouvant recevoir chacune qu’une seule personne, un rideau en tissu situé en façade permettait d’accéder dans chacune des parties situées de chaque côté, le curé occupait la partie centrale il y accédait en ouvrant une porte en bois, un confessé pouvait prendre place de chaque coté, il y avait donc un confessé en discussion avec le curé un autre en attente, cela permettait à l’un de réfléchir pendant que l’autre s’ébattait dans ses mensonges.
le confessionnal de Bulat-Pestivien
(celui de Louargat ayant été retiré de l'église)
Chaque partie mesurait au sol environ 80 cm sur 80 cm, entre chaque partie il y avait une ouverture à claire-voie de 20 cm par 20 cm à hauteur de la tête, le curé pouvait reconnaître distinctement les confessés (en fait c'étaient des clients, mais aujourd'hui on dirait des usagers) par contre ceux-ci ne faisaient qu’entrevoir le curé sans pouvoir le reconnaître, mais évidement à la voix il pouvait l’identifier, lorsque le curé s’occupait d’un coté l’ouverture à claire-voie était complètement obturée par un volet coulissant de l’autre coté, la séance se faisait assis sur un banc de bois solidaire du confessionnal dans la demie obscurité. Il y régnait une atmosphère très spéciale que l’on ne retrouve dans aucun autre endroit excepté peut être en prison au parloir.
C’est le curé qui lançait la discussion, le tout se faisait à voix basse, il posait ses questions indiscrètes cherchant à savoir si le confessé avait commis des péchés, à lui alors de raconter ce qu’il avait fait de mal aux yeux de l’église, comme il fallait dire quelque chose bien souvent il fallait inventer : "j’ai volé une pomme", "j’ai commis un péché", "j’ai menti", "j’ai oublié de faire ma prière"... La séance pouvait durer entre 1 minute à 5 minutes. Il y avait généralement une file d’attente, chacun attendant son tour en se disant : "qu’est ce que je vais bien lui raconter ?", bien souvent les enfants se concertaient : "qu’est ce que tu vas lui dire ?", "dis lui que tu as mentis, moi je lui dirais que j’ai volé une pomme comme cela on ne dira pas la même chose !". Pour les enfants suivant le catéchisme ils devaient se confesser une fois par semaine. On pouvait se confesser à tout âge mais aussi à la demande en cas d’urgence de l’intéressé.
dans le confessionnal de Bulat-Pestivien
(celui de Louargat ayant été retiré de l'église)
le confessé pouvait s'assoir sur un banc





le / la confessé




le confesseur

Mon père avait pour ami d’enfance un nommé LE CAMUS "tad coz CAMUS" missionnaire demeurant à Kerniou en Gurunhuel (sa famille avait fait fortune par l’introduction de la pomme de terre dans le secteur durant les années 1770, ils habitaient dans une grande maison tout habillée de bois intérieurement aussi bien les murs que les plafonds), été comme hiver il était pieds nus dans des sandales en cuir. Mon père se confessant à LE CAMUS, celui-ci lui dit : "Fiacre, as tu fais quelque chose de sale ces derniers temps ?", mon père de répondre : "oui père CAMUS, j’ai chier sous le pommier ce matin !". "sale" étant toujours lié au sexe.

Vers 1935, plusieurs personnes attendaient dans l'église pour passer au confessionnal, pour s'amuser Louis KERVEN pris la place du curé, se présenta pour la confession Marie QUÉRÉ, le prêtre improvisé lui posa des questions auxquelles Marie lui répondit, racontant sa vie intime, évidement l'histoire dans tous ses détails se propagea à grande vitesse à Louargat provoquant des rires et des moqueries mais aussi un scandale. Surprenant tout de même : le confessé peut raconter tout au curé ; c'est normal, mais raconter la même chose à une autre personne c'est scandaleux.