La religion telle qu'Armand Tilly l'a vécue à Louargat
sur la période 1915 - 1945
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LE CATÉCHISME

C’était le passage obligé pour pouvoir être communié, on nous racontait des tas d’histoires invraisemblables genre contes de fées. Les garçons et les filles se retrouvaient ensemble au catéchisme dans l’église, il nous était enseigné (si on peut considérer cela comme un enseignement) en breton notre langue maternelle, les fils de notables l’apprenaient en français car chez les gens "riches" dont les commerçants on parlait le français. L’un des curés qui nous bourrait le crâne était originaire du Léon, nous avions du mal à le comprendre, son breton étant un peu différent du notre quant à la prononciation et sur certains mots. Ces séances étaient ennuyeuses et sans intérêt.

On faisait croire aux enfants des choses contraire à la science sur : la naissance, la virginité de Marie la mère de Jésus CHRIST, la résurrection des corps, le paradis, l’enfer, les miracles... comment les enfants pouvaient s’épanouir devant tant d’absurdités ?

Concernant Jésus CHRIST il apportait aide à ses semblables, ne vivait pas dans l’opulence ou du travail des autres, tout le contraire des hauts représentants de l’église, communiste qu’il aurait été ne m’aurait pas étonné.

Le catéchisme se faisait dans l'église tous les jeudis, la séance durait une heure, mais certains avaient "droit" à un supplément de façon volontaire (mais imposé par les familles sans l'avis de l'intéressé) durant la période scolaire tous les midi de 12 heures à 12 heures 30 (les pauvres). Généralement c'était le curé qui assurait la séance, mais il arrivait que Marie GALLOU et Suzanne LE GUYADER (décédée vers 30 ans probablement de la tuberculose toussotant sans cesse) toutes les deux du bourg le remplace. Lorsque Suzanne LE GUYADER me croisait dans la rue elle faisait semblant de ne pas me voir, tournant la tête afin de m'éviter, elle agissait ainsi avec tout ceux qui n'allaient pas à ses séances de catéchisme.

Au catéchisme un curé nous raconta qu’un vendredi (jour d’abstinence de viande) passant devant une maison, il vit du dehors par la fenêtre ouverte sur la table un plat avec de la viande, il entra dans la maison, les habitants l’ayant vu arriver cachèrent précipitamment le plat par terre sous la table, le curé s’installa à table, devina la présence du plat à terre, piétina volontairement la viande avec ses sabots, était ce pour nous faire peur qu’il nous raconta cette histoire ?

Vers 1925, au catéchisme, Marie FESTOU qui demeurait à coté de l'école des garçons rue Pors-Marzin est arrivée en retard, le curé ayant commencé ses histoires (en breton du Léon que nous avions du mal à comprendre) qui n'intéressaient pratiquement aucun de nous, il lui a posé la question suivante :
- "tu vas nous dire Marie combien il y a de bons Dieux ?",
Marie réfléchissant et un peu perdue par la pertinence de la question lui répondit :
- "5 mon père",
le curé levant les bras au ciel :
- "mais non mon enfant enfin il n'y en a pas 5",
alors Marie réfléchissant plus profondément lui dit :
- "alors 10 mon père",
voyant le curé décontenancé Marie lui dit :
- "eh bien 100 mon père",
dérouté le curé passa à autre chose, mais nous avions pour une fois bien rigolé avec cette histoire.