Tous les matins il y avait une messe pour les morts à 6 heures 30, payante par ceux qui l'avaient commandées.
La durée moyenne d'une messe était d’une heure, elle était proportionnelle au tarif, plus la durée était importante plus on payait cher.
Il n'y avait pas d'âge pour aller à la messe les parents amenant parfois de tout jeune bébé avec eux.
La messe du dimanche était une des rares occasions de sortir, on s'habillait avec les "habits du dimanche", on retrouvait les amis et la famille, on en profitait pour faire des achats en particulier pour ceux demeurant loin du bourg, c'était le coté agréable.
Bien souvent les hommes se retrouvaient au café, pour eux c'était l'occasion de boire un coup et pour certains de boire beaucoup trop. Il n’était pas rare d’en voir revenir ivres de la messe.
Tout service à l'église se payait comme dans tout commerce, je me demande où passait l'argent récolté lors des différentes quêtes et services religieux. En tout cas je n'ai jamais entendu dire qu'une aide ait été apportée d'une façon ou d'une autre une famille en difficultés.
Le dimanche une messe avait lieu à 6 heures 30, une autre à 10 heures, pour beaucoup de gens c'était la seule occasion de sortie qu'il ne fallait pas manquer de crainte de ne pas être au courant des dernières nouvelles, mais aussi il était préférable vis à vis de son propriétaire qu'au moins un membre de la famille y soit présent (certains baux le précisait).
Dans beaucoup de familles le dimanche les enfants allaient à la petite messe de 6 heures 30, puis à la grande messe de 10 heures et enfin aux vêpres dans l'après-midi, la journée était ainsi bien remplie. On aurait voulu les dégoûter on aurait pas pu fait mieux.
Dans l’église, les hommes et les femmes étaient séparés, les hommes occupant les chaises de devant les femmes les suivantes, pour les enfants il n’y avait pas de mélange entre garçons et filles. Généralement chacun prenant sa place habituelle.
La commune de Louargat étant coupée par la route nationale en deux parties approximativement égales par le nombre d'habitants, les paroissiens demeurant au sud de la route entraient dans l'église par une porte située du coté sud et se plaçaient sur ce même coté dans l'église, ceux du nord de la route entraient du coté nord et se plaçaient de ce même coté. Les femmes devaient avoir obligatoirement la tête couverte par un foulard, seules étaient exemptées les femmes portant la coiffe.
En général les femmes répondaient aux prières du curé et chantaient, les hommes plus rarement. On parlait de femmes bigotes cette expression était peu utilisée pour les hommes.
Beaucoup d’hommes à l’époque chiquaient, à espaces réguliers ils crachaient à terre le jus de leur chique, à la fin de la messe une mare jaunâtre peu appétissante était répandue à leurs pieds.
Je n’ai jamais compris à quel moment il fallait se lever et s’asseoir durant la messe, dans les stades cette pratique est devenue une mode avec "la holla".
En cours de messe il y avait la prière, certaines personnes se mettaient à genoux sur les chaises paillées appelées "prie Dieu"
(très douloureux pour les genoux des enfants en particulier) que l’on retournait, elles avaient le siège plus bas que les chaises normales et un dossier sur lequel il y avait sur le dessus une espèce de tablette sur laquelle les gens posaient leur coudes, les mains jointes elles priaient dans cette position. Ces chaises étaient payantes et bien souvent réservées avec inscrit le nom de la personne sur le dossier. |
Les quêteurs et les quêteuses étaient désignées par les curés, certains considéraient ceci comme un honneur d'autres s'en seraient passé mais n'osant pas refuser.
Au cours de la messe plusieurs quêtes étaient organisées dont une pour les morts (mais le tout rentrait dans la poche du curé).
Le souvenir que je garde des messes : ennuyeux, interminable, ridicule dans les propos.
Il y avait des acharnés de la messe par exemple un nommé HUEL qui demeurait à Coat-Conoz, faisant 10 km aller retour été comme hiver, par tous les temps, passant à l'aller à La Villeneuve (Ker-Nevez) chez mes parents il y laissait sa lampe à pétrole la reprenant au retour, marchant dans des fondrières, trempé souvent comme une soupe et crotté de boue, il fallait qu'il aime ça.
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